J’espère avec quelques mots, un peu d’humour mais un peu de sérieux aussi, laisser une trace de cet épisode sombre et surtout vous distraire chers amis.
Comme vous (j’espère), je suis très consciente de la gravité de l’épidémie et j’aimerais pouvoir vous apporter un petit moment de légèreté.

jeudi 30 avril 2020

Chapitre 22 : Quand on a trouvé ce qu’il fallait faire


J’aimerais pouvoir vous dire qu’on a trouvé ce qu’il faut faire contre le coronavirus mais malheureusement et plus modestement, ce sera juste ce qu’on a fait avec Confi.
Avant, on sortait, on mangeait, on buvait, on s’amusait, on riait, on s’aimait….
Pendant le confinement, on sort, on mange, on boit, on s’amuse, on rit, on s’aime… mais à distance de sécurité et dans 1 rayon d’1km. Autant vous dire que c’est vachement moins fun.

Casernés entre nos 4 murs, on a donc dû trouver de quoi s’occuper chez soi, tel un pompier en attente de sortie mais sans les collègues pour se marrer.
Dans son discours du 16 mai, Manu nous avait conseillé de lire (bravo c’est ce que vous faites en ce moment), de prendre soin de ses proches (bravo encore si on en croit les statistiques des opérateurs téléphoniques), de retrouver le sens de l’essentiel (en tout cas les tutos en ligne de yoga ça n’a jamais aussi bien marché)… Comme quoi les français sont aussi obéissants.

Pour une partie d’entre nous, l’activité majeure que nous pratiquons, c’est le sport en chambre (ah pardon non ça c’était dans nos rêves), en réalité c’est le travail. Grande occupation mais dont on se trouvera fort dépourvu quand le week end sera venu ou quand le père chômage partiel aura pointé le bout de son nez.
Pour une autre partie d’entre nous, les mini-vous, au format baby ou enfant ou ado ou jeune adulte revenu chez papa/maman car il y a plus de place, sont une source d’occupation plus ou moins perpétuelle, en fonction de la taille du mini-vous. Le format XS étant plus énergivore que le L (quoique). Chance pour vous, la chaîne Disney a gentiment fait une promo pour que, dans un accès de besoin de solitude, vous puissiez la montrer à vos kids, et ainsi faire l’objet d’une demande permanente ou au moins pour les 10 prochaines années.

Pour le temps qui vous reste et pour ceux qui n’ont ni l’un ni l’autre, l’ingéniosité/stupidité humaine a regorgé d’idées pour nous occuper différemment. Le web est devenu la mine de ces propositions, sauf que plus tu creuse dans la mine et moins tu trouves de pépites. Bizarrement, la courbe d’intérêt des activités baisse à mesure que la quantité des dites activités augmente. Des tutos de méditation au scrapbooking en passant par les 15 activités inédites à faire en couple, les 30 livres lus et enregistrés pour occuper vos enfants, les battle de BD en ligne, les DJ en show live sur vos écrans… il y a le choix ma bonne dame (nostalgie du marché quand tu nous tiens).

En vue de nos futurs diners en ville et pour relever le niveau, on a pu également se lancer dans une visite du Louvre (en virtuel bien sûr) presque plus complète que la vraie avec pour découvrir ses collections des podcasts, dessins animés, vidéos etc… Ou voir un opéra, sur écran mais gratuitement etc. Avec tout ça, il y a de quoi faire plaisir à Franck (Riester) : « C’est en ayant aussi accès à la culture chez soi que nous contribuons à faire vivre la culture et donc à permettre que demain, nous puissions continuer d’avoir cette effervescence culturelle extraordinaire dans notre pays » Ah quel bel avenir on se prépare, l’économie sera en chute libre, la santé sera vacillante… mais on sera tous brillants.

Comme il faut bien contrebalancer ces moments d’intensité intellectuelle, ensuite on regarde la télé, qui diffuse en boucle et en détails des infos sur le coronavirus, au cas où vous n’êtes pas au courant qu’actuellement il y a une grande pandémie mondiale (ah bon ?). Du coup, c’est merveilleux, il n’y a plus de guerres, de famines, de gilets jaunes, d’affaires judiciaires etc. Ah Coro merci !
Peut-être qu’il vaut mieux tenter la VOD dans ce cas, avec en tête « joyeuse retraite », le film le plus plébiscité (no comment).
Pour éviter la dépression, beaucoup se sont rabattus sur notre ami Netflix qui a vu son nombre d’abonnements et sa cote en bourse faire la joie des investisseurs (ya du monde en bourse en ce moment, les gens ont le temps). Cette merveilleuse plateforme où tu peux voir à travers ton écran des gens qui sortent, qui vont au restaurant, qui trainent chez eux avec leurs amis… bref votre vie d’avant. Snif les personnages de nos films et séries préférés ont une plus belle vie sociale que nous. Bon pour trop déprimer et se changer les idées, on va plutôt regarder un truc de science-fiction (mouais une catastrophe planétaire ça nous rappelle quelque chose), historique (mouais mais on retrouve régulièrement des grandes épidémies de peste, choléra etc.)… il nous reste un bon policier, un petit meurtre ça remonte le moral.

Pour vous occuper encore un peu, la suite au chapitre 23.

lundi 27 avril 2020

Chapitre 21 : Quand on a suivi des hommes d’exception

Au départ de l’épidémie, il y a eu les précurseurs, ceux qui ont su ce qu’il fallait faire. Tout le monde, y compris les dirigeants nationaux s’est trouvé fort dépourvu quand le Corona fut venu. Enfin presque tout le monde car quelques hommes d’exception ont agi et ils continuent.

Au Royaume-Uni, Boris Johnson a choisi de laisser mourir une partie non négligeable de sa population en vue de développer une immunité collective. C’est la guerre, il faut sacrifier des hommes pour gagner darling, il n’y a que les forts qui s’en sortent. Finally, Oh My God, Boris a reçu la visite de Coro et a terminé à l’hosto (un petit coup de justice divine ?). Le pays a changé sa stratégie : un confinement et un éloge appuyé du National Health Service plus tard. Le système hospitalier britannique serait le « cœur battant de ce pays », ce qui ne l’a pas empêché de le sous-équiper.
Results mi-avril : 700 à 900 décès quotidiens sur une semaine et un pays qui suit une trajectoire calquée sur celle de l’Italie (on avait pourtant dit que c’était un exemple à suivre que pour la qualité des pâtes). Mais rendons tout de même justice à Boris qui a ensuite remercié les millions de personnes qui observent le confinement et encouragé son peuple en vue de vaincre la maladie, il est loin d’être le pire.

Aux Etats Unis, l’homme orange affirmait en février que le risque de contamination aux Etats-Unis était « très faible » et qu'il n'y avait « pas de raison de paniquer ». Ah super pour les américains, le bordel ce ne sera donc que pour l’Europe et l’Asie, il y a des océans entre nous. Fin avril, ce sera juste le pays le plus endeuillé au monde avec plus de 50 000 morts.
Pour rassurer (angoisser ?) sa population, Donald continue comme à son habitude à tweeter à tire-larigot mais sa population a en plus droit à un show télévisé quotidien de confusion sans préparation perclus de déclarations farfelues (et non appliquées heureusement – fake news) telles que l’idée du recours à des injections de désinfectant dans les poumons, pour ne citer que la dernière en date ou la mise en quarantaine de New York sans prévenir ses dirigeants. C’est quand même sympa de donner de quoi rire à son peuple et au monde en ce moment.
En tant qu’homme d’affaires, Trump se préoccupe surtout de l’économie de son pays. Du coup, le 14 avril, il a décidé de suspendre la contribution financière de son pays à l’OMS (euh il sait qu’il y a une pandémie en cours ? On lui parle de son système de santé ?) Mais aussi de son électorat, puisque 4 jours plus tard il encourageait les manifestants anti-confinement à se « libérer » dans trois Etats dirigés par des démocrates, avec même un appel au respect du droit à porter une arme. Une petite fusillade finalement ça changerait quoi ?

Sur le podium des précurseurs qui savent innover pendant la crise, on a aussi nominé le brésilien Jair Bolsonaro, celui qui est désolé pour les morts de cette « grippette » mais c’est la vie. Donc, pas de confinement (en fait si en local heureusement), de la corruption et une place d’honneur sur le podium macabre pour le pays d'Amérique latine le plus touché par Coro. Mais Jair lui est un roc, il montre l’exemple, il sort et multiplie même les bains de foule sans aucune précaution sanitaire et tousse sans masque sur les Brésiliens venus écouter son discours.
Amis brésiliens, quand même Twitter, Facebook et Instagram effacent les posts de votre président car ils sont dangereux pour la santé publique, on a envie de vous exprimer tout notre soutien.
Il rencontre l’opposition des gouverneurs fédéraux, du président du sénat, de son ministre de la santé, mais qu’à cela ne tienne, il limoge et tempête car il veut «préserver des vies et des emplois », le travail c’est la santé non ? Il suffit de remplacer les dirigeants rétifs par des proches, notamment le chef de la police fédérale. Enfin, tant que la Cour Suprême ne s’en mêlait pas.
On se demande quand même pourquoi le monde est choqué, Jair a anticipé, il a placé sa foi dans le capitalisme et dans l'hydroxychloroquine, un médicament testé par le professeur Didier Raoult (un autre grand homme dont on vous parlera prochainement.)

Cette année, les oscars n’auront pas lieu et c’est fort dommage car on avait là un joli podium de stars qui nous feraient presque regretter Polanski (presque). En plus, il y a de la concurrence avec des nominés tels que les dirigeants biélorusse (la guérison grâce au tracteur), turkmène (aucun cas là-bas, ils n’ont même pas besoin d’en parler) etc.
A côté notre gouvernement français, contre qui des plaintes ont été déposées devant la Cour de justice de la République, fait figure de petits joueurs. 

samedi 25 avril 2020

Chapitre 20 : Quand tu as sorti ton gel et rangé ton affection


Pendant cette épisode épidémique, on a aussi dû apprendre à prendre de la distance, enfin nous aurions dû avant que Confi arrive surtout. Le tempérament latin tactile qui s’exprime plus ou moins en chacun de nous a fait l’affaire de Coro : Et hop une bise, je passe chez l’autre ; un bisou, un chemin tout tracé ; une longue embrassade, on démultiplie les accès ; une bouteille partagée, un passage en relais ; un gros câlin, la voie royale etc.

De quoi se demander si en Europe les pays les plus touchés ne seraient pas l’Italie et l’Espagne, les latin’s par excellence, ah bah si dis donc ? Nonobstant bien sûr les autres facteurs mineurs tels que la pauvreté, la qualité des services de santé, le moment où ils ont été touchés par l’épidémie etc.
Plus sérieusement et même si on ne peut pas tout relier à cela, il s’avère que les habitudes de vie des cultures où « on se touche » ou « on ne se touche pas » sont facteurs et vecteurs de la maladie.
Pas étonnant que dans les pays de l’Est ou du Nord, par exemple la (tout à fait au hasard et pas parce que j’ai une source d’informations mais au moins c’est original) Lettonie, il circule une blague intraduisible (ou du moins pas par visio) qui dit « Mais pourquoi on s’approcherait à plus d’1m50 les uns des autres ? ».

La solution, c’est donc le geste barrière, restez à distance les uns des autres. Quelle distance ? 1m, 1m50, 2m, 3m, 10m, heu on ne sait pas bien. En tout cas fini les embrassades, les bisous, les câlins…, à tel point qu’on se trouve en maaaaaanque ; et en double peine avec la chanson de Laurie en tête « des bisous, des câlins j’en veux, tous les jours. » ou pour les plus chanceux « Kiss me » de Sixpence.
En tout cas l’affiche gouvernementale des gestes barrière français nous précise strictement : « Saluer sans se serrer la main, éviter les embrassades », notons quand même qu’on doit rester polis. Tiens donc certaines personnes n’ont pas dû percevoir cette partie du conseil. Surement le même problème d’oreilles que celles que tu vois posées en groupe tout prêt les uns des autres, partageant une bière. Mr ORL au secours.

Mais ne soyons pas mauvaises langues peut-être qu’ils vivent ensemble ces quatre messieurs du même âge, dans ce cas ça va... Eh oui, et l’unique réceptacle de leur affection et de leur besoin de proximité c’est les autres occupants de leurs logements de confinés donc ils sont proches. Grosse responsabilité.
Car maintenant en avril 2020, la/les seules personnes avec qui on peut encore partager physiquement, c’est notre communauté à domicile, donc il vaut mieux l’avoir bien choisie.
Et bien sûr on y a tous pensé quand l’annonce du confinement a été faite pour les jours suivants. Du coup, notre besoin d’affection et le degré de collage peau à peau supportables par l’/les autres sont équilibrés (mais bien sûr).

Et si par malheur ça arrive ? Si jamais quelqu’un dans la rue, à cause d’une de ces f*** pierres, trébuche dans sa course avec un angle de 78°, une projection en avant de 2m14 générée par la vitesse de course, déviée par la présence impromptue d’une poubelle, m’effleure le poignet ? Pas de panique, on a la solution, tu sors ton gel hydro alcoolique. Et ensuite tu appelles le Samu pour le coureur aussi.
Eventuellement, on a vu aussi une solution proposée par des vidéos italiennes quand Coro est arrivé, une petite douche de gnole ou de grappa (pas la Réserva quand même). Double avantage, tu es désinfecté et tu sens tellement l’alcool que personne ne va t’approcher.

CQFD

jeudi 23 avril 2020

Chapitre 19 : Quand on a dosé le Chocolat/Lexomil/Guronzan/Travail


Plusieurs semaines ayant passé, on a dû s’adapter au mode confiné. La vie de la plus ou moins petite communauté de notre logement s’est organisée. Ça se gère grâce à la bonne volonté de tous (hum) ou peut-être grâce au savant mélange de Guronzan/Lexomil ou chocolat/alcool, que vous avez réussi à mettre au point. Le dosage ayant fait l’objet de plusieurs phases de test car devant s’adapter à votre situation personnelle.

Pour certains, grâce à cela vous réussissez maintenant à télétravailler (disons 50% du temps, c’est déjà bien), à empêcher ton tout-petit d’hurler pendant les conf calls hyper importantes de votre conjoint, à gérer le travail scolaire de votre enfant (grâce à un emploi du temps minutieux et une préparation des contenus, avec un coucher 1h du mat certes mais il faut ce qu’il faut - respect tout neuf pour la maîtresse), à faire les courses sans trop de stress (merci les créneaux de drive qui ont rouvert), à suivre votre programme de yoga tous les matins (enfin presque parce que le lever 6h30 c’est dur, rapport au coucher tardif, faut choisir), à préserver vos contacts sociaux au téléphone tout en courant après votre enfant (et hop d’une pierre deux coups avec l’activité physique)…
Bravo mais comment faites-vous ? Vous (ou votre conjoint) avez pris un arrêt de travail garde d’enfant OU vous (ou votre conjoint bis) êtes passé en chômage partiel à 10h par semaine OU vous êtes des supermans en puissance (si si il y en a).

A l’autre bout de la chaîne, c’est la version chômage partiel justement ou arrêt de travail/droit de réserve pour les personnes fragiles, sans le petit ni mamie. Là on utilise plutôt un dosage plus de Lexomil et moins de Guronzan car le challenge pour ces foyers là c’est le temps, le temps qui passe, qui passe lentement.
On se plaignait de ne pas avoir de temps pour nous, c’est fait … pour certains. Ils sont pas ravis bizarrement, pourtant ils ont maintenant tout le temps de se mettre au sport (oui mais limité je n’y reviens pas), prendre soin de soi (oui mais au 3e peeling dans la semaine, la peau est à vif), méditer (oui mais la musique de petit bambou sur mon smartphone est agaçante), cuisiner (oui mais on devient gros), voir les gens qu’ils aiment (oui mais en visio), se recentrer sur soi (oui mais on voudrait voir quelqu’un d’autre !)…

Alors on prend soin de son chez soi, on y est 100% du temps maintenant, ça vaut le coup. On a rangé le placard de l’entrée, de la chambre, de la cuisine, nettoyé lesdits placards, le frigo, le dessous de l’évier, le recoin derrière le meuble à chaussures, repeint le meuble du salon, réparé les poignées, refixé le porte-serviettes, commencé à jardiner… On s’est aussi tapé sur les doigts, cogné les genoux, cogné la tête, sali ses fringues, brûlé les mains…
Bref on va être beaux pour l’apéro visio de ce soir. Vite une sieste (la 3e de la journée) pour se refaire une santé et une bonne douche (ah bah non les français ont baissé leur niveau d’hygiène corporelle depuis le confinement). Ça va être bizarre le retour au boulot…

Revenons justement à ce fameux chômage partiel dont on entend l’écho chez beaucoup d’entre nous, mais qui contient pourtant une réalité sociale très variable. D’un côté, on a Mademoiselle Y qui doit travailler seulement 4h par semaine fixées le vendredi de 9h à 13h. Le reste du temps interdit d’utiliser le mail du boulot etc en cas de contrôle, mais bon quand même si tu pouvais jeter un œil tous les jours et communiquer par SMS ou appels intraçables ça nous arrangerait, et si tu souhaites tu peux te former en ligne pendant ce temps ou même travailler des dossiers de fonds, ça serait sympa ça aiderait la société par la suite (mais oui mais oui, tout à fait ce que va faire mademoiselle Y).
De l’autre on a Monsieur X qui travaille à 90% officiellement, mais ne compte pas ses heures, brief ses équipes, analyse ses retours clientèles, est en conf call 50% du temps etc.

Et si par hasard mademoiselle Y vit avec monsieur X dans un appartement toujours au hasard exigu, paf ça fait des chocapic. Ou en tout cas ça crée un décalage de rythme au quotidien qui certes sera fort intéressant à étudier pour les sociologues de l’avenir mais qui n’est pas fort agréable à vivre.
Mélangez les composantes X et Y, les temps de travail variables, les mini-vous courants au milieu, les personnes isolées, les familles recomposées etc. (sans compter les soignants et ceux qui travaillent sur site) et vous obtiendrez la composition sociétale de la France en avril 2020, un sacré m***** pour vivre tous ensemble. Finalement, heureusement qu’on est chacun chez soi non ?

lundi 20 avril 2020

Chapitre 18 : Quand le sport est devenu une religion

Au XXIe siècle, le sport (on vous l’a dit et répété) « il faut en faire régulièrement, c’est bon pour la santé ». A égalité avec « 5 fruits et légumes par jour », c’est le slogan de la décennie pour faire du bien à notre corps. De toute façon, il nous faut un body de rêve joliment sculpté pour pouvoir attirer un partenaire, dixit les émissions de qualité diffusées par la boîte à infos du salon, pendant qu’on mange des chips sur notre canapé (culpabilisation quand tu nous tiens).

Historiquement, le chasseur-cueilleur qui courait sa lance à la main ou marchait des heures dans les bois pour trouver sa pitance, on lui recommandait plutôt de rester tranquille au coin du feu le soir. Votre (arrière) grand-père qui semait, bêchait, binait, trayait, coupait, taillait… dans sa ferme, bizarrement c’était pareil (et du coup quel corps d’athlète il avait papy sur les photos de sa jeunesse debout à côté de la moissonneuse batteuse).
Le prototype de l’homme moderne assis devant son ordinateur toute la journée, lui, il a besoin de « s’entretenir ». Et ça fait un petit moment qu’on lui serine. On l’a inscrit depuis tout petit à « une activité », à l’adolescence on lui a demandé « tu fais quoi comme sport ? », à l’âge adulte on l’a alimenté de publicités pour « choisir une salle de sport »… D’ailleurs, vos amis parlaient de leur performances  ou de leurs courbatures (ça dépend qui) au basket, au cross fit, au body pump, au pilates… même devant leur 3e pinte et une planche charcuterie/fromage (c’était le bon temps).

Et puis paf Coro est arrivé et c’est devenu dangereux : on a commencé à glisser sur le gel hydroalcoolique qui enduisait les appareils de la salle et à devoir arrêter les sports co pour cause d’échanges excessifs de postillons.
Et re-paf Confi est arrivé. Les temples de la gym, du foot, du basket ou même de la pétanque ont dû fermer leurs portes, laissant des milliers d’adeptes désemparés.

Que faire ? Notre guide suprême nous avait donné la réponse le 16 mars, on pouvait sortir pour faire de l’activité physique en solo. Une bonne excuse donc pour sortir de notre logement et laisser Confi (et pas que lui) à la maison pour un moment.
C’est ainsi qu’on a vu déferler une marée de pèlerins, euh de joggeurs et de randonneurs, telles qu’on en avait jamais vu vers la Mecque des spots les plus prisés (forêts, plages, quais etc.) ; déclenchant par la même une fermeture progressive par les autorités desdits lieux, bizarrement trop usités.

Pour chaque sortie, on a du imprimer un précieux sauf-conduit (et relancer le marché de la cartouche d’encre au passage) nous permettant des « déplacements brefs, à proximité du domicile » pour l’activité physique.
L’amour des français pour le sport ou la marche, plus ou moins rapide, n’avait jamais connu un tel essor, c’est donc ça qu’il fallait faire pour que tout le monde s’y mette !
Un succès tel qu’il a, après à peine deux jours, été assorti d’une restriction « à proximité c’est 2 km ». Oui messieurs-dames le jogging de 15 bornes, même si vous courez vite, ça transporte le virus. Le guide suprême avait dit « autour de son pâté de maisons », alors vous me direz ça dépend si vous mesurez la distance en pâté d'immeubles lyonnais ou en village aveyronnais.

Comme le bon peuple de France est fort indiscipliné ou le gouvernement bureaucrate et autocrate (je vous laisse choisir), 5 jours plus tard, Edouard nous a refait un petit briefing et demandé un laisser-passer plus complet : limitation à 1h quotidienne et rayon d’1 km maxi, et on marque son heure de sortie s’il vous plait, au stylo pas au crayon à papier, je me fiche que ça vide votre ramette... On a même vu des gens sans imprimante mais disciplinés la recopier intégralement à la main.

Quelqu’un a t-il pensé au désespoir du joggeur, le vrai celui qui courait déjà avant ? Non seulement il doit zizgaguer entre les novices qui ont envahi sont parcours (il a l’habitude alors il court plus vite) et en trois foulées, il a déjà dépassé la zone (il court vite bis). Et puis 15 tours du pâté de maison tous les jours, ça lasse… Heureusement nos développeurs web jamais à court d’idées ont rapidement ajouté à leurs applis des filtres pour vous faire un parcours restant dans votre rayon. Pourtant, bizarrement, on voit beaucoup moins de runners laisser leur « trace » sur les réseaux sociaux ces temps-ci…

Vous l’aurez compris, dehors pour faire de « l’exercice physique », ok on prend l’air mais c’est limité. On s’y est donc mis à l’intérieur et notre chambre (salon) s’est transformée en salle de sport à l’aide des nombreux tutos qui ont fleuris sur internet à cet effet. C’est qu’il fallait bien pouvoir répondre à la fameuse question qui se posait à gogo au début du confinement : « Et toi tu fais plus de sport maintenant ? » Novices ou habitués on n’y échappait pas. Par contre, curieusement, presque personne ne demandait si on faisait plus de sport en chambre (affaire à suivre).

samedi 18 avril 2020

Chapitre 17 : Quand ça a duré plus de 15 jours


Le confinement à force on s’y habitue. Pas avec plaisir, mais comme tout après la période de découverte, on est passé en rodage. Peut-être parce que personne n’a sérieusement cru qu’on allait en sortir en 15 jours (Quoi ? Mais si ça avait été annoncé le 16 par notre cher président). C’est qu’on est malins, grâce au dispositif de surveillance hyper-élaboré de notre salon, on pouvait voir que ceux qui avaient commencé avant, il y était toujours ! L’Italie bien sûr mais surtout Wuhan, nouveau centre du monde pour tous ceux qui scrutaient l’évolution de la pandémie. Le 8 avril, on les verra enfin sortir sur nos écrans, bras en l’air, smartphone à la main, on ne sait pas si ils sourient, ils ont des masques sur les visages. Bref on n’est pas sortis de l’auberge.


Pour ne pas trop faire durer le suspense, Manu avait quand même envoyé Edouard nous annoncer la grande nouvelle le 27 mars, c’était reparti pour 15 jours, jusqu’au 15 avril (la blague toujours, à Wuhan ils sont restés confinés plus de 2 mois). Plusieurs théories étaient en circulation sur cette stratégie gouvernementale discutable mais surtout discutée. Eh oui on ne peut plus se voir mais on n’a jamais autant parlé virtuellement avec tous nos amis.
Il y avait la version assez simple mais bien française du « le gouvernement ils nous prennent vraiment pour des débiles. » La version gentille : « Les gens seraient trop déprimés si on leur annonçait d’emblée que ça allait durer 2 mois, il faut y aller en douceur ». La version raisonnable : « Ça va durer au moins jusqu’à début mai cette histoire donc patientons ». Et la version moins raisonnable : « De toute façon moi je m’en fous le 1er mai je sors, le gouvernement ils nous prennent vraiment pour des cons » (oui c’est un dérivé de la première) etc.

Je vous propose une autre théorie, ils étaient trop sympas nos dirigeants, ils ont gardé le suspens afin qu’on puisse continuer à jouer tous ensemble à « C’est quand la date de fin du confinement », le pari devenu le plus populaire dans les discussions et sur les réseaux (il y a plus de tiercé, il faut bien remplacer). C’est beau une France qui se fédère autour d’un même sujet et qui travaille son argumentation avec une étude très pointue basée sur la date de la rentrée des classes, le niveau de déprime du peuple, le degré de contestation (du même peuple) etc. et quand même aussi l’avancée de la pandémie (on a toujours le macabre décompte aux infos au cas où on oublierait).

Et puis finalement le lundi 13, alors qu’on s’attendait à entendre jusqu’au 30 (mais si suivez 15 avril + 15 jours), on a revu Manu à la télé et il a changé sa stratégie et son fusil d’épaule (toujours en guerre comme vous savez), il nous a annoncé LA date, la libération, le 11 mai. Il est parti sur 4 semaines cette fois, joli challenge. Notre chef d’état-major s’est d’ailleurs lancé dans un plan beaucoup plus détaillé que certains d’entre nous ne s’y attendaient.
Après un point sur l’état du front, le lourd tribu humain payé, les approvisionnements, les réquisitions des chaines de fabrication, les saluts aux héros, les développements technologiques des armes etc,. on a appris LA date et surtout « qu’on va finir par l’emporter » (ouf on commençait à avoir des doutes).

Et voilà comment votre ami qui tenait le décompte des jours restants comme objet de plaisanterie pour les apero-visio (eh oui c’est toujours à la mode) a perdu sa private joke, tandis que tous les français se sont mis à faire un décompte digne de celui de TF1 un soir de nouvel an.
On attend donc LA date, ce 11 mai devenu très cher à notre cœur. On en ferait bien un jour férié mais bon en mai c’est un peu booké déjà, et puis le président du Medef il a dit qu’il faudrait se remettre au boulot au taquet et oublier ses congés (économie capitaliste le retour, on en frémit d’avance).

Bizarrement cette fois ci plus personne n’évoque la possibilité que ce soit repoussé. Au peuple de France en aurais-tu donc assez ?
Si on fait un rapide petit calcul : 16 mars-11 mai  = 2 mois, en tout cas ça nous rappelle quelque chose ce timing…

jeudi 16 avril 2020

Chapitre 16 : Quand Coro et Confi ont sauvé la planète


« Comment ça sauvé la planète ? Il nous a mis dans une belle m*** ! »
OK OK mais il y a quand même des bons côtés (oui on cherche le positif ces temps-ci, on en a besoin). Mais même en dehors de ça, il s’avère que Coro ou plutôt son corollaire Confi (le confinement) font du bien à la planète.

En avril 2020, quand on sort en ville (cette expression me rappelle de folles soirées snif mais là on parle d’activité physique ou de courses only, bref passons), le ciel est bleu, les oiseaux chantent, comme dit l’expression. Cette fois ci, pas pour cause de gaieté humaine mais littéralement. On dit aussi « la nature reprend ses droits » et on en a une belle démonstration. Mais si, une démonstration, comme dans vos vieux cours de maths : Moins d’activités humaines = diminution notable de la pollution environnementale + des émissions de gaz à effet de serre = c’est bon pour la planète.
C'est à se demander si cette pandémie ce ne serait pas un coup des écolos. D’autant que maintenant qu’on a perdu notre Greta égérie des réseaux sociaux au profit du professeur Raoult, même ses détracteurs préféreraient qu’elle revienne.

Un autre effet positif écologique, c’est que Coro a fait diminuer la production de pétrole (on dit merci Coro) et son prix (merci aussi Coro). Bien sûr il y a Confi donc on en a plus besoin mais les français qui se plaignent toujours du prix de l’essence devraient être contents non ? Encore un effet positif, on fait des économies. Début avril, en raison de l’arrêt de l’activité économique, le prix du baril était à son niveau le plus bas depuis 17 ans. 20 à 23 dollars selon le type – une chute de 53% en 1 mois, ça fait mal.
Les coûts de stockage restent de surcroît très élevés. On se trouve même avec des tankers qui ne savent pas où vider leur chargement. Heu là par contre on aimerait quand même bien éviter une petite marée noire en supplément (on dirait pas merci Coro).

Sans compter qu’on a souvent entendu que le virus ne se serait probablement pas développé sans le réchauffement climatique. Du coup on peut imaginer que ça va changer les mentalités à coup sûr, probablement, peut-être, heu  j’en suis pas sûre…
Surement dans le pays où la marmotte elle met le chocolat dans le papier d’alu mais dans le système capitaliste où c’est la machine qui le fait ? En 2008, au sortir de la crise financière, on avait assisté à un rebond des émissions donc la relance future pourrait s’avérer particulièrement polluante. L’Agence Internationale de l’énergie indique aussi qu’une récession pourrait faire baisser les investissements écologiques. Donc c’est pas gagné messieurs dames zut !
Toutefois le chercheur (donc un homme sage et éclairé) François Gemenne souligne que « En écornant le bilan économique de Donald Trump, par exemple, l’épidémie peut participer à sa défaite électorale. Ce qui serait plutôt une bonne chose pour le climat. » Et voilà on l’a notre effet positif durable pour la planète !

Notre absence fait aussi le bonheur de nos amis les bêtes. A l’abri du grand prédateur que nous sommes (volontaire ou involontaire), de nombreux animaux se lancent à l’assaut de territoires encore inexplorés. Nos restaurants sont fermés et nos RDV tinder annulés mais les leurs sont en plein boum.
Quoi de plus sympathique que d’emmener Mme Cerf faire du lèche vitrine dans les rues de Boissy-Saint-Léger, avec un peu de chance on trouvera même quelques douceurs à grignoter sur la route.
La bande des dauphins a elle pris le chemin du port sarde de Cagliari, de quoi consommer et s’amuser dans l'un des plus grands ports maritimes italiens. Mister sanglier a lui préféré profiter des beautés de Barcelone.
Les déclarations d’amour aviaires (non pas la grippe) n’ont jamais si bien pris. Ben oui il n’y a plus de friture sur la ligne, la com passe mieux. Du coup, «  certaines espèces rares vont peut-être trouver plus facilement un partenaire », c’est pas moi qui le dit, c’est la Ligue de Protection des Oiseaux.

Prenons un autre exemple (tout à fait au hasard), un français lambda qui sort (avec son attestation) pour faire son activité physique. Admettons que ce français habite à moins d’1km du lac d’Annecy (bon ok c’est pas le français moyen qui peut habiter là) et peut donc pratiquer son activité sur ses abords. Soyons clairs, déjà il a du bol, il a droit au ciel bleu et dégagé (on vous a dit qu’il est revenu), l’air pur (on vous a dit aussi) la vue sur le lac, mais aussi à la vue sur les… baleines ! Ah non ça quand même c’était un poisson d’avril du web (eh oui, on en a eu).

Confi est donc LE sauveur de nos amis les bêtes, enfin de celles qui sont dehors. Parce que des animaux on en a aussi dedans et pour eux c’est pas la même histoire, l’humain il a envahi leur territoire, et il squatte !
Prenons votre chat qui roupillait tranquille toute la journée dans votre appartement…avant. Maintenant il ne peut plus squatter son fauteuil préféré en paix sans être dérangé par l’enfant, l’enfant n°2, vous, votre conjoint etc. Non seulement il ne peut plus dormir tranquille qu’en se glissant dans un coin inaccessible du placard, donc suite à une escalade de tous les dangers plus de son âge ; mais en plus il n’y a plus moyen de s’entendre penser à ses croquettes en paix. Il devient un peu agressif et on impute ça à son agacement de voir tous ces oiseaux qui ont pris la confiance dehors (il y a même des cannes qui font la course avec les joggeuses dans Paris 11e) mais essayez de vous faire tripoter toute la journée vous.
Votre chat c’était le plus déprimé de tous quand il a su qu’on en avait jusqu’au 11 mai !

mardi 14 avril 2020

Chapitre 15 : Quand tu t’es cru dans Mad Max ou plutôt Je suis une légende


Histoire d’échapper un peu à la vie en communauté, on sort régulièrement « faire de l’exercice physique » et respirer le bon air frais devenu beaucoup moins pollué (mais ça c’est un autre chapitre).
On ne marche plus dans la ville tout seul et anonyme comme nous le chantait Jean-Jacques mais plutôt avec quelques flash-back de films post apocalyptiques en tête.
Les rues vides, animées seulement des quelques véhicules restants en circulation, les commerces aux rideaux baissés, les chantiers à l’abandon, les publicités restantes des activités d’avant… tout cela à un relent d’images que les férus de SF mais aussi les autres reconnaitront.

Sauf que cette fois tu n’es pas immergé dans la salle de ciné ou en train de jouer à Pandémie avec tes potes, c’est la vraie vie et le bordel ambiant il te saute au visage. Finalement tu aurais peut-être dû rester à la maison, là où ça vit.
Quand soudain un bruit, quelqu’un d’autre est là, il approche. Heureusement, tu es prêt, tel Will Smith dans tous les films du genre, tu dégaine tes armes : les gestes barrière ; et la distanciation sociale de plus d’1m (1m50 ? 2m ?), disons 2m50 au cas où. Quelques pas de côté donc et ouf il est passé en toute sécurité. Pour faire bonne mesure tu l’as même salué (sans embrassades bien sûr). Tu penses qu’il t’a souri en retour, tu n’es pas sûr car derrière son masque…

Tu reprends ta route quand un nouveau danger survient : une femme prête à éternuer. Tu te mets à prier silencieusement « Dans ton coude, dans ton coude ». Malheureusement elle n’a pas l’air de vouloir adopter cette solution, elle semble fébrile, serait-elle déjà atteinte ? Ouf elle sort son mouchoir (à usage unique bien sûr) et le jette dans la poubelle contiguë. Bravo madame, et lavez-vous les mains au plus vite.

Après toutes ces émotions, tu reprends ton souffle car tu vas bientôt arriver en zone rouge : les quais ; repère de joggers, familles avec poussettes, enfants en trottinettes, buveurs de bières indécrottables (et oui il y en a encore malgré tout). Heureusement on est en sécurité tout ce petit monde à son attestation de sortie.

Des photographes mais aussi des vidéastes ont capturés ces moments (c’est vraiment la guerre, on est déjà dans le devoir de mémoire). Ces images sont à la fois superbes et troublantes, notamment les montages tirés d’images de drones qu’on voit fleurir petit à petit sur chacune de nos villes (bizarrement ça marche moins bien sur les plateaux du Larzac).
Coro a réussi à réaliser le rêve de Mme Hidalgo, Paris vidé de ses voitures mais je ne suis pas sûre que c’est ça qu’elle avait en tête.

Heureusement, « tous les services essentiels à la vie de nos concitoyens resteront ouverts ». Ce qui comprend les supermarchés (assez calmes maintenant que tout le monde a fait des provisions), les boulangeries (on ne pouvait quand même pas priver les français de pain), les tabacs (heuuuuuuu), les pharmacies (pour les médicaments mais aussi pour déclarer les violences domestiques, eh oui très utile malheureusement !) etc.

Et puis les magasins de bricolage, riches en produits de première nécessite : tondeuse, peinture, barbecue... Le français améliore son intérieur (son extérieur si il est chanceux) pendant le confinement. Tu passes ta commande en ligne puis c’est parti pour la mission drive : tu as un créneau de RDV précis (c’est fini l’excuse des bouchons sur la route). Tu suis les banderoles de signalisations rouges et blanches délimitant LA zone. 1er check point, tu colles ton bon de commande contre la vitre pour le vigile, ouf tu as le droit d’entrer après un post-itage en règles de ton véhicule. 2e check point, post it validé, on te montre où tu peux attendre le colis (sans sortir du véhicule, zone de danger on vous a dit). L’agent t’apporte ton chariot et tu lui indique tes remerciements avec force sourires et pouces levés. Tu peux enfin sortir de la voiture pour brièvement charger ton paquet et te barrer au plus vite pour retourner à la sécurité de ton chez toi.
OUF la semaine prochaine, on essaye Jardiland.

lundi 13 avril 2020

Chapitre 14 : Quand tu as perdu ton chez toi


Mardi 17 mars, on sait que c’est la date où le confinement a commencé, mais on sait moins que c’est celui où on a perdu notre foyer. Retrouvé tu veux dire ? On était pour la majorité à la maison, disons que ça dépend des versions ;).
C’est le moment où notre joli salon à la déco soignée est devenu l’école mais surtout la cour de récré de nos enfants, la table de la salle à manger le nouvel espace de co-vorking tendanec etc. J’avais entendu parler de co-living récemment, quel visionnaire l’inventeur de ce concept.

Certains ont réellement quitté leurs logements. C’était la grosse question du moment : où va-t-on se confiner ? Quel est le meilleur plan ? Aller s’isoler à la campagne certes avec papa/maman (beau-papa/belle-maman) mais aussi grande villa/grand jardin, quitter la ville pour notre maison de campagne et risquer de transporter le virus, récupérer mamie qui angoisse au risque de la contaminer, rester seul (plutôt quel mal accompagné) dans ton 30 m2, prendre un chien (si tu anticipais les autorisations de sortie), emménager chez ce mec que tu viens de rencontrer mais qui a ce superbe 3 pièces avec terrasse (pari risqué mais compréhensible)…
Une majorité d’entre nous est quand même simplement resté chez soi, après tout ce n’était que pour 15 jours non ? (cette blague, et dire qu’on n’était même pas le 1er avril)

Nous voilà donc à la maison, prêts pour le télétravail. Enfin prêt, il y eu quand même un léger flottement (oui léger). Au boulot le vendredi, on avait récupéré en hâte un ordi (on n’a pas tous un portable hum) et photocopié ses docs (eh oui la magie du cloud ou du serveur n’a pas atteint toutes nos entreprises). Au début de la semaine suivante, on s’est donc attelés à la tâche, bien décidés à avancer sur la to do liste qu’on avait dans le pipe, à performer même si on était externalisés afin d’être corporate, rester proactifs voir même disruptifs.

On était depuis 5 bonnes minutes sur ce régime lorsqu’on a entendu (au choix) : « Papa, je comprends pas mes maths » (le grand), « Mama, popo » (le petit), « on a des pâtes pour ce midi ? » (l’homme), « je peux faire quoi pour t’aider » (votre mère qui est chez vous), « il faudrait faire un peu de ménage non ? » (votre belle-mère qui est chez vous), « vrouuuuuuummmm » (votre frère qui joue aux jeux vidéo), « Hommmmm » (votre amie qui fait son yoga) etc.
Effectivement il va falloir être disruptifs et imaginatifs mais pour organiser la vie de la communauté.

Après quelques jours (ou plus) on a quand même pris le rythme et tout s’est organisé car si on peut souligner quelque chose c’est que cette foutue pandémie elle a aussi fait ressortir le côté humain et gentil de beaucoup de personnes.
A la maison les choses et les espaces se sont donc répartis, au prix de quelques légères montées en pression, et chacun a trouvé ses occupations (qui son yoga du matin, qui son travail, qui l’épluchage de légumes pour midi, qui les courses, qui l’écriture de son blog etc.)… et tout allait bien dans le monde meilleur des mondes … mais bien sûr ! (on y reviendra promis)

Sociologiquement parlant, la situation était très variable pour chacun selon ses conditions de confinement. Petit récapitulatif relevé très soigneusement auprès de mon échantillon toujours représentatif de la population :
*L’espace que vous avez dans le logement. Déjà que le prix du m2 était élevé en ville mais subitement c’est devenu une info essentielle, recensée dans tous les apéros zoom.
*Le petit extérieur qui avait gonflé le prix de votre achat immo est désormais une source d’envie. On veut un balcon, une terrasse, un rez de jardin, un jardin, un terrain, un parc. On est jaloux.
*La taille de votre communauté et sa composition plus ou moins hétéroclite.
*La présence d’un mini-vous dans l’équation ainsi que la taille, l’obéissance et le degré de patience du dit mini-vous.
*La collaboration de votre tendre moitié, l’attentionné père de vos enfants, le mec qui bosse toute la journée avec son casque, le gars en conf call permanente dans la pièce d’à côté, le mal aimable avec qui vous partagez votre espace…
*Votre besoin de solitude/contact humain et votre capacité d’occupation/d’ennui (tout un sujet/ chapitre à venir ça)

Même si on aimerait bien se la jouer Mélodie du bonheur, je crains qu’à la fin ce soit plutôt comme dans Highlander : « Il n’en restera qu’un ».

vendredi 10 avril 2020

Chapitre 13 : Quand comme papi tu connaitras la guerre


Les autorités nous l’ont bien dit, c’est la guerre ! Enfin dit, redit et répété, au cas où le français serait dur de la feuille. Si tu te souviens ce qu’est un champ lexical oh lecteur cultivé, on était en plein dedans. Manu il en a usé voir abusé, entre « la mobilisation générale, la lutte, l’ennemi, etc. » La plume du président avant de se confiner, elle a bien travaillé.

Il y a de quoi vous faire paniquer quand tu entends des trucs pareils. Pourtant 3 phrases avant, il avait dit : « évitez l'esprit de panique ». Oh là là je suis perdue moi.
Surtout que selon où vous vous trouvez en Europe le discours était bien différent. Le 18/03, la 1e ministre belge y est à son tour allée de son allocution pour annoncer le confinement mais on était loin du message guerrier : « Prenez bien soin de vous ».
Le gouvernement français aurait-il voulu être plus impactant ? Aurait-il anticipé que son bon peuple pourrait être quelque peu indiscipliné ? Noooooooon.
Toutefois il reste modéré quand à l’autre bout du spectre, à la même période, on a la stratégie Boris Johnson et l’immunité collective. Si il savait ce qui l’attend (mais je ne spoile pas).

Heureusement, dans ce grand combat, notre gouvernement nous a promis de se donner : « De jour comme de nuit, rien ne doit nous en divertir. ». C’est beau cette abnégation, mais ce manque de sommeil ne serait-il pas la cause de belles boulettes qui ont déjà eu lieu et d’autres qu’on verra par la suite ? Presque, j’aimerais que ce soit ça, presque…


Dans la suite du discours, on est bien sûr revenu à la 1e ligne de front. « La Nation soutiendra ses enfants qui, personnels soignants en ville, à l’hôpital, se trouvent en première ligne dans un combat (...) Nous leur devons évidemment les moyens, la protection. Nous serons là. ». Aaaaaaaah bien !
A ce moment, certains d’entre nous ont pensé à notre Roselyne B., tant décriée en 2010 mais grâce à qui on avait 2 milliards de masques sous la main ! « Les masques sont un stock de précaution destiné à toute sorte de pandémie, et ce n’est pas évidemment au moment où une pandémie surviendra qu’il s’agira de constituer les stocks. » Chère prophétesse que n’es-tu restée auprès de nous.

Tes successeurs n’ont pas vu cela de la même manière et aujourd’hui on est en guerre. La loi de la jungle capitaliste ayant frappée avant l’attaque de Coro, les GI en blouse blanche (heu plutôt bleue non ? Faudrait repenser l’expression maintenant qu’on a l’habitude de les voir tout le temps sur nos écrans) doivent aller au combat armés de respirateurs artificiels/masques de plongée décathlon et de charlottes/slips jetables sur la tête.

Bizarrement, j’avais une autre image de la guerre ; mélange des images affreuses mais lointaines de massacres diffusées par le fameux objet du salon et d’un relent des questions posées à nos grands-parents quand on était petits, encouragés par l’instituteur (= professeur des écoles pour les jeunes, = la maîtresse pour les très jeunes) ou par notre prof d’histoire.

Alors qu’en 2045, quand on aura passé le COVID25 et qu’un petit bout d’homme viendra vous demander « Comment c’était papi/mamie la guerre en 2020 ? », on pourra expliquer qu’on a fait la guerre en jogging (bien moins classe que l’uniforme) mais on a une excuse c’est pour avoir le droit de sortir, qu’on combattait… l’ennui à coup de Netflix, DIY voir opéra à la télé pour les plus cérébrés, qu’à défaut de pistolet on avait toujours sur soi du gel hydro-alcoolique à dégainer, que dans la tranchée de notre cage d’escalier on pouvait être contaminé à tout moment etc.

Et puis, on a nos héros, à côté Jean Moulin et John Wayne peuvent aller se rhabiller, nous on a nos caissiers nos infirmiers, nos routiers, nos délivreurs delivroo, nos manutentionnaires casto etc. Ces métiers si mal aimés qui je l’espère garderont leur gloire même quand on sera sortis de ce bourbier. On espère que tous ceux qui applaudissent à 20h applaudiront toujours quand on leur demandera plus d’impôts pour améliorer le système de santé.

Ah un dernier petit détail que beaucoup d’entre nous n’anticipaient pas encore à ce moment-là, c’est que la guerre elle se faisait dehors, mais aussi dedans (vous les sentez venir les anecdotes croustillantes sur nos charmants foyers).

jeudi 9 avril 2020

Chapitre 12 : Quand Manu crève l'écran

Après toutes ces activités du week-end, on était surmenés. C’est presque plus fatiguant que le boulot tous ces préparatifs d’organisation. Vivement lundi. En plus on sera en télétravail, #jevaisglanderchezmoi croient certains.
Sauf que le lundi, c’était le stress, on était le 16 mars, on nous avait annoncé que Manu allait faire une allocution à 20h (bizarrement maintenant on peut employer ce terme, tout le monde sait ce que c’est, et hop point positif pour cette période). C’est bon signe vous croyez quand le président veut parler à la population tous les 4 jours ?

Ok il est jeune, il est intelligent, il est… beau (du moins par rapport aux autres dirigeants, et encore pas sûr) mais si on doit choisir on préfère tous les 4 jours se faire un épisode de la Casa del Papel (il y a du suspense et des drames aussi en plus).
Heureusement que c’est tombé sur notre jeune président, il articule bien et il est dynamique (spéciale dédicace à ma mamie). Imaginez si ça avait été Giscard ! Avec sa célèbre phrase : « Et dans ces temps difficiles, où le mal rôde et frappe dans le monde, je souhaite que la Providence veille sur la France, pour son bonheur, pour son bien et pour sa grandeur. Au revoir! », on aurait pas été bien barrés.

Enfin bref, de toute façon on n’avait pas le choix, on n’avait jamais vu Manu si souvent à la télé. Et même si tu l’as pas regardé, entre la radio, le web, les réseaux sociaux ou au pire tes amis, tu ne peux pas y échapper. Désolé ami de type 2 (rappel du chapitre 1 c’est celui qui souhaite se tenir à distance de l’info et vivre le moment présent) mais là tu as du t’y mettre, sous peine de te trouver confronté à la pire partie de téléphone arabe de l’histoire.

Le lundi donc, les gardes d’enfants étaient prévues, même si entre temps dans le week-end certains avaient senti le vent et changé leurs plans (bien vu). Jusqu’au soir, le suspense était insoutenable, ou pas. Peuple de France le chant de la liberté était maintenant coincé dans ta gorge et tu allais bientôt entendre le chant des confinés (jolie initiative sur le web, à écouter si vous ne connaissez pas).

Et puis 20h a sonné, on l’a vu surgir sur nos écrans tel un prophète des temps moderne ou un Cyril Lignac venu nous annoncer à quelle sauce on allait être mangés.

Comme on te l’a expliqué au lycée, dans toute bonne dissert, tu commences par l’intro : rappeler le contexte et les décisions déjà prises (et puis comme ça ceux qui sont un peu en retard, « viens vite chéri ça a commencé », ils ne seront pas perdus).

Un petit compliment pour la suite pour enrober le coup de fouet qui va venir : C’est bien vous êtes allé voter aux municipales (30 000 sur 35 000 communes ont ainsi renouvelé leur conseil, youpi quand c’est la crise c’est le moment de changer les autorités, c’est bien connu).
Mais vilains gens vous êtes sortis aussi sur les marchés, dans les parcs etc. , vous avez mis en danger la santé de ceux qui vous sont chers et vous ne respectez pas le travail galère des personnels de santé. Je ne sais pas si vous étiez allé au marché le week-end ou allé prendre l’air mais niveau culpabilisation on était bien là.

Et puis le verdict « Dès demain midi et pour 15 jours au moins, nos déplacements seront très fortement réduits. ». Donner une demi-journée pour organiser un truc pareil pourra paraitre à la fois trop short mais cela a été aussi assez long pour que certains puissent quitter la ville vers les maisons à la campagne. Dangereux car on transporte le virus mais dans 35 m2 avec la femme et l’enfant, laisser grand-maman déprimée seule chez elle etc. on ne sait pas bien ce qui est le pire niveau risque.
Parce que bien sûr 15 jours c’était une belle blague, sympa le poisson d’avril avant l’heure.

La recette de Manu comprend aussi un doigt de menace « il y aura des contrôles » (ah tout un sujet, on y reviendra), un soupçon de raison « Je vous demande aussi de garder le calme (…) esprit de responsabilité », une pincée de lien social « occupez-vous de vos proches (…) donnez des nouvelles » et un peu de positivité « Lisez, retrouvez aussi ce sens de l'essentiel (…) La culture, l'éducation, le sens des choses est important. » avant de nous amener au plat de résistance : C’EST LA GUERRE.

mardi 7 avril 2020

Chapitre 11 : Quand Booba et Kaaris font des courses


Ayant senti le vent du confinement (ça sentait pas la rose), nos cher français toujours prévoyants ont fait… des efforts pour moins se rencontrer (bof), des réserves de câlins pour après (pas vraiment, mince j’aurais dû y penser) mais de provisions oui !
C’est ainsi que la semaine qui l’a précédé mais aussi celle après l’annonce, les supermarchés ont vu déferler dans leurs étalages une nuée non pas de sauterelles mais bien d’humains razziant des produits. Peut-être qu’ils auraient préféré les sauterelles après tout… On fait

Je dis humains mais certains avaient perdus une bonne part de leur différence avec l’animal. La bataille autour de la nourriture reste un réflexe bestial (bienvenu sur la chaine « Animaux » chers amis). Nous avons tous en nous une part d’animalité mais même les hyènes ne se battent pas pour un morceau de viande quand il y a autre chose à consommer juste à côté.
A vrai dire, le problème ce n’était pas la viande. Tels de petit écureuils avisés, mais en moins mignons, l’homme avait décidé de faire des provisions. Et gare à qui voudrait l’en empêcher, il sort ses griffes et surtout ses poings.

Le gentil peuple français, qui n’était plus du tout gentil, est passé en mode « survivor » et a décidé d’acheter en masse… des pâtes et du riz. C’est la guerre on vous a dit, on va être rationnés, on doit acheter des denrées non périssables avant qu’on ne puisse plus du tout sortir etc.
Du coup go sur les boîtes de conserves, eh bien non pas trop. Ah oui c’est parce que les féculents c’est plus nourrissant. Mais alors pourquoi le rayon des pommes de terre est plein lui ? Un ami m’avait soumis une théorie intéressante : « c’est parce qu’il faut les préparer et en avance », c’est vrai qu’on va manquer de temps pendant le confinement.
Nous avons donc choisi le produit italien et le produit asiatique par excellence, comme ça c’est sur on ne va pas attraper le coronavirus ! Et puis ça va faire du bien aux entreprises de productions (j’aurais dû acheter des actions Panzanis moi)

Pourtant vos sources d’informations habituelles (la boîte noire du salon ou l’objet qui se trouve 50% du temps dans votre main) ont répété qu’il n’y aurait pas de rationnement, qu’il y avait des réserves de tout etc. mais ON SAIT BIEN que c’est de la publicité mensongère pour ne pas affoler la population.
Résultat des scènes d’anthologie dans les magasins, des queues interminables devant (ben oui on a droit à un nombre limité dedans on vous a dit), des engueulades et des coups (dedans et dehors, pas de jaloux)… Ils sont sympas tous ces gens qui ont donné de la matière aux sketchs des humoristes, ils ont donné de leur personne. Booba et Kaaris vous pouvez venir faire du recrutement pour votre prochaine bagarre d’aéroport.

C’est donc là qu’on a commencé à voir sur le web puis à recevoir de nos propres amis des photos du rayon pâtes du supermarché complétement vide (que celui qui n’en a pas reçu l’écho me jette la 1e pierre, une petite quand même s’il vous plait). Des images qui auraient pu être ajoutées par Spielberg dans une de ses superproductions catastrophe (que fera Hollywood de Coro d’ailleurs ?).
Sauf qu’on voit bien que les rayons d’à côté eux sont pleins…
Donc là soit tu attends stoïquement quelques jours soit tu y vas aussi, gagné par l’hystérie générale quitte à affronter une file d’attente de plus d’1 km. Et n’oubliez pas de respecter la distance sociale de sécurité bien sûr messieurs dames.

Vous avez donc fini par aller voir par vous-même…. quelques jours plus tard. Après vous être équipés pour cette opération commando avec votre sac à dos (pour transporter les courses), votre smartphone et vos écouteurs (pour attendre dehors), votre attestation de sortie (pour la police), vos baskets (si vous devez vous enfuir précipitamment) etc., vous êtes enfin sorti. A 12h30 car vous aviez un plan : « avec un peu de chance, les autres ils mangent ». Une fois dehors, moment de panique, auriez-vous dû prendre un masque (non le gouvernement a dit que c’était inutile), des gants (check du sac, ok j’ai mon gel hydro-alcoolique ça ira), votre livre (pour plus d’attente), votre veste (on a plus l’habitude de sortir), votre bombe anti-agression (pour les bagarres)... Aller c’est bon, en marche (mais sans Manu).

Personne dehors, serait-ce fermé ? Mais non, le vigile vous accueille même avec un grand sourire. Quid de la foule annoncée ? (forcément ils sont tous venus la semaine dernière).
Les rayons vont être dévalisés ? Pas du tout c’est la profusion dans le rayon frais, on a même une recrudescence du zéro gaspi.
Il va manquer pleins d’autres choses ? Ah bah non apparemment, même mes dosettes Dolce Gusto sont là (on est sauvés)
Puis soudain le drame vous apparait,  le rayon pâtes/riz vidé, le lait et les oeufs en moindre quantité. La catastrophe ! Du coup chéri ce soir c’est poisson sauce au beurre blanc et asperges à l’étouffée, on est mal !