Plusieurs semaines
ayant passé, on a dû s’adapter au mode confiné. La vie de la plus ou moins
petite communauté de notre logement s’est organisée. Ça se gère grâce à la
bonne volonté de tous (hum) ou peut-être grâce au savant mélange de Guronzan/Lexomil
ou chocolat/alcool, que vous avez réussi à mettre au point. Le dosage ayant
fait l’objet de plusieurs phases de test car devant s’adapter à votre situation
personnelle.
Pour certains, grâce à
cela vous réussissez maintenant à télétravailler (disons 50% du temps, c’est
déjà bien), à empêcher ton tout-petit d’hurler pendant les conf calls hyper
importantes de votre conjoint, à gérer le travail scolaire de votre enfant
(grâce à un emploi du temps minutieux et une préparation des contenus, avec un coucher
1h du mat certes mais il faut ce qu’il faut - respect tout neuf pour la
maîtresse), à faire les courses sans trop de stress (merci les créneaux de
drive qui ont rouvert), à suivre votre programme de yoga tous les matins (enfin
presque parce que le lever 6h30 c’est dur, rapport au coucher tardif, faut
choisir), à préserver vos contacts sociaux au téléphone tout en courant après
votre enfant (et hop d’une pierre deux coups avec l’activité physique)…
Bravo mais comment faites-vous ?
Vous (ou votre conjoint) avez pris un arrêt de travail garde d’enfant OU vous
(ou votre conjoint bis) êtes passé en chômage partiel à 10h par semaine OU vous
êtes des supermans en puissance (si si il y en a).
A l’autre bout de la
chaîne, c’est la version chômage partiel justement ou arrêt de travail/droit de
réserve pour les personnes fragiles, sans le petit ni mamie. Là on utilise
plutôt un dosage plus de Lexomil et moins de Guronzan car le challenge pour ces
foyers là c’est le temps, le temps qui passe, qui passe lentement.
On se plaignait de ne
pas avoir de temps pour nous, c’est fait … pour certains. Ils sont pas ravis
bizarrement, pourtant ils ont maintenant tout le temps de se mettre au sport (oui
mais limité je n’y reviens pas), prendre soin de soi (oui mais au 3e
peeling dans la semaine, la peau est à vif), méditer (oui mais la musique de
petit bambou sur mon smartphone est agaçante), cuisiner (oui mais on devient
gros), voir les gens qu’ils aiment (oui mais en visio), se recentrer sur soi
(oui mais on voudrait voir quelqu’un d’autre !)…
Alors on prend soin de
son chez soi, on y est 100% du temps maintenant, ça vaut le coup. On a rangé le
placard de l’entrée, de la chambre, de la cuisine, nettoyé lesdits placards, le
frigo, le dessous de l’évier, le recoin derrière le meuble à chaussures,
repeint le meuble du salon, réparé les poignées, refixé le porte-serviettes,
commencé à jardiner… On s’est aussi tapé sur les doigts, cogné les genoux,
cogné la tête, sali ses fringues, brûlé les mains…
Bref on va être beaux
pour l’apéro visio de ce soir. Vite une sieste (la 3e de la journée)
pour se refaire une santé et une bonne douche (ah bah non les français ont
baissé leur niveau d’hygiène corporelle depuis le confinement). Ça va être
bizarre le retour au boulot…
Revenons justement à ce
fameux chômage partiel dont on entend l’écho chez beaucoup d’entre nous, mais
qui contient pourtant une réalité sociale très variable. D’un côté, on a
Mademoiselle Y qui doit travailler seulement 4h par semaine fixées le vendredi
de 9h à 13h. Le reste du temps interdit d’utiliser le mail du boulot etc en cas
de contrôle, mais bon quand même si tu pouvais jeter un œil tous les jours et
communiquer par SMS ou appels intraçables ça nous arrangerait, et si tu
souhaites tu peux te former en ligne pendant ce temps ou même travailler des
dossiers de fonds, ça serait sympa ça aiderait la société par la suite (mais
oui mais oui, tout à fait ce que va faire mademoiselle Y).
De l’autre on a
Monsieur X qui travaille à 90% officiellement, mais ne compte pas ses heures,
brief ses équipes, analyse ses retours clientèles, est en conf call 50% du
temps etc.
Et si par hasard
mademoiselle Y vit avec monsieur X dans un appartement toujours au hasard exigu,
paf ça fait des chocapic. Ou en tout cas ça crée un décalage de rythme au
quotidien qui certes sera fort intéressant à étudier pour les sociologues de l’avenir
mais qui n’est pas fort agréable à vivre.
Mélangez les composantes
X et Y, les temps de travail variables, les mini-vous courants au milieu, les
personnes isolées, les familles recomposées etc. (sans compter les soignants et
ceux qui travaillent sur site) et vous obtiendrez la composition sociétale de
la France en avril 2020, un sacré m***** pour vivre tous ensemble. Finalement,
heureusement qu’on est chacun chez soi non ?
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