J’espère avec quelques mots, un peu d’humour mais un peu de sérieux aussi, laisser une trace de cet épisode sombre et surtout vous distraire chers amis.
Comme vous (j’espère), je suis très consciente de la gravité de l’épidémie et j’aimerais pouvoir vous apporter un petit moment de légèreté.

jeudi 7 mai 2020

Chapitre 26 : Quand on a voulu soooooooortir


Fin avril, Confi on en était lassés, on commençait à ne plus en pouvoir, on en avait marre, on n’en voyait pas la fin, bref on en avait soupé. A la vérité mi-avril c’était déjà le cas, heureusement Manu avait annoncé une date de sortie de prison : le 11 mai.
On avait un petit doute puisqu’il avait rallongé de deux semaines en deux semaines (voir chapitre 17 et sa déception mortifaire) mais heureusement son ami Edouard nous l’a confirmé le 28 avril. C’était donc fait, on allait pouvoir DECONFINER, ce nouveau mot du vocabulaire français que votre dictionnaire ne connait pas mais qu’on a plus entendu en six semaines que n’importe quel autre.

Déception, on allait quitter les douillettes chaumières pleines d’amour, de tendresse, de discussions intéressantes, de folles soirées, de joies pétillantes, de diners inoubliables… où on s’était réfugiés ; bien sûr avec beaucoup de regrets. Heureusement, peut-être qu’on devra se re-confiner donc on referait tout exactement pareil (heu vous avez bien compris qu’il faut lire tout ça à l’envers ?)

Si arrivait cette fameuse VAGUE 2 (brrrrr ça fait frémir rien qu’à le lire), CETTE FOIS, on se confinerait juste avec son amoureux / juste avec sa meilleure amie / en groupe / en trouple / avec le chien / avec une pile de bouquins… et dans une maison à la verte / dans un appart avec terrasse près des quais / près d’un supermarché peu fréquenté / à côté des urgences… Des phrases à choix multiples car on l’a tous vécu différemment, mais tous en changeant notre cadre et notre rythme de vie et b**** ce n’était pas la panacée.

On va donc enfin quitter les posters d’adolescence de la chambre où on était rentré chez nos parents, arrêter d’être réveillés trop tôt par les ainés, de devoir réveiller trop tard les jeuuuunes, de gérer la vie de notre petite communauté, d’avoir des problèmes de réseaux, d’aller au restau via ubereats, au bar à cocktails via delivroo, pouvoir parler « en vrai » à une autre personne que son co-confiné ou soi-même ou son enfant, s’asseoir quelque part dehors, quitter la maison sans son attestation pour plus d’1h, pouvoir faire du vélo pour le plaisir, aller à plus d’1km de chez soi, arrêter les apéros visio qui font grossir pour de vrais apéros entre amis qui font grossir aussi…
Et le plus beau de tout (ou pas), on va arrêter de devoir chercher un chemin pour sortir en évitant les vues sur les toboggans des parcs fermés qui déclenchent un drame chez nos enfants. Eh oui Confi a des conséquences pénibles qu’on imaginait pas.

On était donc aussi joyeux que si Brad Pitt / Johnny Depp / Chris Hemsworth / Monica Bellucci / Penélope Cruz / Diane Guerrero  (faites votre choix selon votre préférence) s’était glissé en douce dans notre lit.
Malheureusement, il faut mettre fin à cette douce utopie. Pour ceux qui n’ont pas fait grec 5e langue au lycée, ce mot se traduit par « l’endroit merveilleux » et « l’endroit qui n’existe pas » et ça s’applique fort bien à ce que nous attendons tous impatiemment. Certes nous allons déconfiner mais nous devrons veiller à de nombreuses précautions et se limiter (on y reviendra dans les chapitres suivants).

Un léger soupçon pèse d’ailleurs sur le pourquoi de cette décision qui serait très probablement un mix entre ralentissement de l’épidémie (on n’a pas dit que c’était fini hein) et impératifs économiques (chômage partiel et arrêt payé c’est bien mais…) ET éviter le pétage de plombs des français.
Plus un petit doigt de « de toute façon ils vont sortir quand même ». Probablement pas faux quand on voit qu’après un confinement assez strict les 1e semaines, on avait vu un relâchement s’installer petit à petit chez certaines personnes à mesure que grandissait le ras-le-bol.
Le meilleur exemple en était le grand coup de filet policier qui avait eu lieu le week-end du 05/06 avril (oui oui on était loin de la fin du confinement) avec les tentatives de départs en vacances, malgré tout, des parisiens ; par l’autoroute, tant pis si on se fait attraper, on compte 135€ en plus sur le budget des vacances.

Bref, on allait donc déconfiner le 11 mai et on attendait impatiemment l’allocution d’Edouard et ses amis pour en savoir plus, le 7 mai après-midi, parce que de toute façon plus personne ne travaille alors pourquoi faire ça le soir ?

mercredi 6 mai 2020

Chapitre 25 : Quand on était tous solidaires

Coro puis Confi ou Confi puis Coro, dans un sens comme dans l’autre, ces deux-là nous en ont mis un bon coup dans les gencives, l’un plus à long terme que l’autre.
Pour beaucoup d’entre nous, ça a aidé plutôt soudain et à l’échelle d’une vie, personne n’avait imaginé qu’on pourrait vivre cela. Enfin un peu quand même si on se réfère à la SF et à toutes nos discussions de comptoirs sur la prochaine grande catastrophe du siècle (si si on en a des discussions évoluées). Certains pariaient sur un problème de nourriture planétaire, d’autres pour un crack boursier, une guerre nucléaire, une invasion de martiens, un coup de bouton rouge de Trump… Chacun ayant sa propre vision (impactée éventuellement par son degré d’ébriété).

Et puis un jour on s’est retrouvés avec Coro et comme l’avait joliment dit Manu mi-avril, ce fut un rappel de notre vulnérabilité, un « « ébranlement intime et collectif ».
Intime car on a tous du appréhender et apprendre à vivre avec cette réalité. On l’a vécu différemment mais personne n’y est resté indifférent. Chacun a répercuté l’inquiétude induite par ce nouveau paradigme dans des coups de blues, des moments de tension, des remises en question profondes.... Elle s’est exprimée de façon consciente mais surtout et souvent inconsciente (Qui ne s’est pas énervé pour pas grand choses ces derniers temps ? N’a pas remis en question ses choix de vie ? N’a pas eu des périodes de fatigue ? etc.)
Et scoop de l’année, Confi en a rajouté.

Collectif aussi car notre petite société se sentait bien à l’abri derrière son capitalisme, sa médecine moderne, son mode de vie développé, son individualisme etc. Eh bien « tu peux te brosser Martine » et c’est pas avec une barre de twix qu’on va arranger ça ; même si la consommation actuelle de chocolat des ménages induit une potentialité d’expérimentation de remède sur cette base.
Certains espéraient et espèrent encore que cette catastrophe pandémique va créer une prise de conscience  et que nous allons repenser notre société pour la rendre meilleure sur de nombreux aspects : pollution, éducation, santé, égalité etc ; d’autres sont forts sceptiques sur ce point et pensent qu’une fois que ce sera terminé, cela repartira comme avant (ah ce « avant » qu’est-ce qu’on en parle ! ) Alea Jacta Est et nous verrons ce qu’il en sortira.

Si je (re)réfère à l’avis du psychologue Boris Cyrulnik : « après chaque catastrophe humaine, il y a un changement de culture. » La hiérarchie des valeurs morales, sociales pourrait donc changer, et dans le fond beaucoup de monde l’espère, qu’on ne sorte pas de là avec un minimum de recul et de prise de conscience, m****. Mais dans quelle mesure, ça ?!

Pour ne citer qu’un exemple dans l’histoire, après la grande épidémie de choléra de 1348 qui a fait 1 mort sur 2 en Europe (ça vous rassure pas ça si vous comparez au stats du Covid ?), on a vu se développer la valeur et l’importance du foyer. Autre conséquence, le servage (pour rappel la vente du paysan avec la terre si vous avez séché ou oublié vos cours d’histoire) a peu à peu disparu et on a payé les travailleurs (forcément on manquait de main d’œuvre). Des changements sociaux et familiaux majeurs ont suivi cet évènement tragique. C’est le cas après chaque grande guerre, après chaque épidémie etc. L’homme aurait-il besoin de difficultés pour évoluer ?

En tout cas, pour l’instant on est face à une réalité certes pénible mais aussi où on redécouvre la valeur de l’humain. Notre cher président nous a même dit mi-avril : « Notre nation se tient debout, solidaire dans un but commun », d’après lui nous sommes tous solidaires, fraternels, unis. Alors certes ça tient beaucoup du discours de motivation des troupes (on vous l’a dit qu’on est en guerre ?) et puis bon si on vous dit que rien ne va et que personne ne respecte le confinement, ça ne va pas aider, mais il y a du vrai aussi.
On a vu fleurir les balcons (eh oui on a du temps pour ça aussi) mais surtout sur de nombreuses portes d’immeubles un petit mot proposant les services de gentils voisins pour aider les personnes fragiles (courses, pharmacie etc.), les services de livraison de petits cadeaux (saviez-vous que les chocolatiers qui ont proposé des déposes pour Pâques ont été si débordés par les demandes qu’ils ont dû décaler sur la semaine suivante), une soudaine bonne volonté des gens devant la possibilité d’un RDV médical (plus de grognements pour les aménagements, le temps d’attente...) etc.

Les sourires, l’entraide et l’aspect arrangeant ont pris une place plus importante dans notre société, alors espérons qu’ils y restent quand le rythme effréné du travail et les exigences économiques auront repris le dessus (vous croyez qu’on rêve ?).
En tout cas, depuis quelques semaines, nous sommes face à un système de gestion tout à fait inédit puisqu’on massacre l’argent et la rentabilité pour sauver des vies.

lundi 4 mai 2020

Chapitre 24 : Quand l’enfer c’est plus les autres


Quelques semaines après l’arrivée de Confi, on a découvert son 2e effet KissCool. Il n’y a dedans ni Kiss (on en a déjà parlé) ni Cool (si vous êtes détendus ?) mais plutôt une dose de No et de Body. En français : on ne voit plus personne.
Déjà Aristote avait pointé la chose, l’homme est un animal social. Alors certes au début de tout ceci, on avait autre chose à penser de plus urgent mais bien vite, assez vite, trop vite, pas trop vite, l’envie de relations sociales est venue nous tarauder et la jalousie pour ceux qui continuent à aller au travail sur site et « qui voient des gens » à pointer le bout de son nez.

Votre besoin de solitude/contact humain et votre capacité d’occupation/ennui a grandement à voir avec ce sentiment et est directement corrélé avec sa gradation. De même que votre qualité de respect pour le confinement mais admettons que vous le faites sérieusement, admettons presque tous…
On dira que plus vous êtes occupés, plus vous êtes casaniers, plus vous êtes solitaires, plus vous êtes avares de mots… moins c’est la m*** pour vous (sur ce point mais c’est déjà ça).

Bien sûr Confi ne nous a pas interdit la discussion, au contraire, d’autant que certains ont du temps à revendre pour cela. Pour preuve, les statistiques de discussions des applis de visio, de téléphone, de SMS, de chat… On ne sait plus par quel moyen communiquer pour se sentir mieux mais en tout cas on fait marcher la technologie et on apprend à nos ainés à le faire aussi (et hop encore un point positif de trouvé) ; pour preuve le sourire émerveillé de votre grand-mère qui a eu droit à son premier appel vidéo pendant le confinement (avec l’aide du voisin merci beaucoup).

On fait aussi marcher sa zone de frustration avec « le manque des gens en vrai », la maladie de l’année, dont une partie d’entre nous souffre encore plus après chaque écran noir. Nous voilà en régression, tels de jeunes enfants à qui il vaut mieux faire entendre la voix de sa maman absente au téléphone que de la lui montrer sur l’écran. Mr Psy au secours, heureusement vous avez ouvert de nouvelles consultations… on peut vous appeler sur Doctolib ou par Skype.

Afin d’aider une personne « fragile » qui ne doit pas sortir, on a pu avoir l’occasion de lui faire des courses, de lui apporter ses médicaments etc. C’était une bonne occasion de la voir ; derrière son masque, avec ses gants, à 3 m de distance, elle à l’intérieur, vous à l’extérieur, pas longtemps car on a pas le droit de trainer longtemps dehors… Frustration épisode 36.

On a quand même la possibilité de conserver un peu de vie sociale et de voir « des vrais gens » grâce aux commerces de première nécessité restés ouverts (ah en fait c’était ça la nécessité). Tu peux donc parler avec le caissier ou le pharmacien derrière la vitre en plexi qui le protège de tes postillons, mais pas trop longtemps car le nombre de personnes à l’intérieur est limité. Ou au vigile de chez casto, par gestes, derrière ton pare-brise (vous vous rappelez chapitre 15 ?). Alors dans un commerce de proximité avec le monsieur derrière son masque, mais niveau feed back c’est limité… Le mieux ça reste tes voisins de balcon, de palier, de grillage etc., on fait connaissance à 20h quand on applaudit les soignants, ou pas. C’est fou comme on apprend à apprécier ce qu’on a près de chez soi, ou pas.

Du coup, on regrette l’époque des petits villages où tout le monde se connaissait (nostalgie campagnarde quand tu nous tiens) et où lors de notre sortie activité physique moins d’1h, moins d’1 km on aurait pu croiser des connaissances, voir même comble de la chance des amis, de la famille.
Une seule solution s’offre alors à nous, on se donne RDV à Jardiland. Si si c’est ouvert pour qu’on puisse faire notre potager (commerces de première nécessité on vous a dit). On peut ainsi justifier l’augmentation de son rayon de déplacement en même temps que celui de l’autre personne, et par extension vos chances de pouvoir voir quelqu’un que vous aimez.
Jardiland " Faites pousser vos idées "

vendredi 1 mai 2020

Chapitre 23 : Quand on a encore trouvé des trucs à faire (la suite)


On est aussi bien occupés par les activités de la maison avec toute notre petite/grande communauté. On doit maintenant réaliser trois repas par jours, équilibrés et variés pour tous (sandwich vite fait du midi en solo, tu nous manques). Il y en a qui ont senti le vent car on a jamais vu autant d’idées recettes en ligne et sur les réseaux.
Par extension, trois autres activités sont entrées dans le top ten des occupations du confinement : la vaisselle, les courses et les poubelles. Ça se reproduit à une vitesse ces petites choses… Heureusement il y a un grand enthousiasme dans le foyer pour les deux dernières = synonyme de sortie à l’extérieur et de temps solo (le graal !)

Comme on regorge d’idées et d’occupations saines, on publie sur nos réseaux sociaux nos plus belles réussites DIY, nos ateliers bricolage, nos piles de chocolats, la sieste de notre chat… quelques photos pour montrer qu’on est vivants et souriants (au moins pour 2 min). On surfe sur facebook, insta, snap etc., les applis officielles de comment vivre sa vie par procuration ou de on fait quoi on s’em****. On va se changer les idées car on va seulement trouver 80% de références à Confi ou Coro, serait-ce dans l’ère du temps et l’esprit de tous ? Dans le meilleur des cas, c’est une photo de votre pote dans sa piscine ou devant son barbecue qui parle de son difficile confinement jusqu’à dans la majorité des cas des vidéos plus ou moins humoristiques, parodiques voir chantées sur le sujet.

Avec tout ça, on a explosé notre temps d’écran et déclenché un certain nombre de petits soucis de santé, mais qu’est-ce donc face au coronavirus, entre deux maux il faut choisir le moindre.
Toutefois, en cas de besoin, vous pouvez toujours consulter votre médecin. Ils nous l’ont dit sur l’email de doctolib, n’hésitez pas à prendre un RDV en visio, c’est que nos toubibs ils sont soit occupés par le corona soit en rade de boulot, alors on nous fait de la pub.
Pour s’occuper, prendre soin de soi et gagner du temps pour la suite (que de benefs), on peut donc faire ses check up depuis sa chambre. Par exemple, votre examen gynécologique sera beaucoup plus confortable en visio qu’en vrai.

On a aussi pu découvrir que certains s’ennuient tant qu’ils passent beaucoup de temps à méditer devant leur fenêtre et à l’occasion invectiver le promeneur qui n’est pas à 1m50 de sa voisine (mais c’est ma femme), les petits jeunes en bande qui ne respectent rien, le mr qui ne fait pas traverser son enfant sur les clous (ben quoi il ne faut pas oublier d’apprendre la sécurité routière)…
Ensuite par devoir civique, ils vont devoir appeler le 17 parce que si tout le monde ne prend pas ses responsabilités à quoi ça sert et on doit faire respecter l’ordre, la délation c’est pour le bien commun…
Enfin appeler ou envoyer des mails, des SMS, des tweets, et même des photos, tant et si bien que les forces de l’ordre sont difficiles à joindre pour les délits mineurs tels que coups et blessures, vols etc.
Renseignez-vous chers amis, il y a un numéro spécial pour les doléances du confinement, au moins appelez au bon endroit.

Au final, Confi nous a tout de même apporté une réflexion précieuse sur ce qu’on fait de nos vies et à quoi on veut les occuper. Maintenant on veut vite sortir pour pouvoir appliquer !
On a aussi vu se créer un beau réseau de solidarité, d’entraide et jamais tant dit aux autres qu’on les aime et qu’ils nous manquent. Pour preuve la surchauffe de votre téléphone portable avec tous ces appels, SMS, visio etc. et la reprise de contact avec des amis qu’on contacte peu ; l’augmentation des offres et des achats en livraison à domicile pour faire plaisir : fleurs chocolats et cie (appel anonyme à tous les conjoints, fils, amoureux secrets, amis attentionnés à ce sujet) ; la création de communautés pour jouer ou discuter en réseaux, par exemple une appli de scrabble pour jouer avec votre père et une amie jouant elle-même avec sa mère et la grand-mère de son compagnon et qui écrit GIN tout à fait par hasard sur votre partie…
On fait de grandes ou de petites choses pour rendre cette période plus agréable pour tous et on a été surpris plus de fois qu’on ne croirait par la gentillesse, l’aide arrangeante et l’attention des autres.

Coro m’aurais-tu redonné foi en l’humanité ? Oui pour une partie.

jeudi 30 avril 2020

Chapitre 22 : Quand on a trouvé ce qu’il fallait faire


J’aimerais pouvoir vous dire qu’on a trouvé ce qu’il faut faire contre le coronavirus mais malheureusement et plus modestement, ce sera juste ce qu’on a fait avec Confi.
Avant, on sortait, on mangeait, on buvait, on s’amusait, on riait, on s’aimait….
Pendant le confinement, on sort, on mange, on boit, on s’amuse, on rit, on s’aime… mais à distance de sécurité et dans 1 rayon d’1km. Autant vous dire que c’est vachement moins fun.

Casernés entre nos 4 murs, on a donc dû trouver de quoi s’occuper chez soi, tel un pompier en attente de sortie mais sans les collègues pour se marrer.
Dans son discours du 16 mai, Manu nous avait conseillé de lire (bravo c’est ce que vous faites en ce moment), de prendre soin de ses proches (bravo encore si on en croit les statistiques des opérateurs téléphoniques), de retrouver le sens de l’essentiel (en tout cas les tutos en ligne de yoga ça n’a jamais aussi bien marché)… Comme quoi les français sont aussi obéissants.

Pour une partie d’entre nous, l’activité majeure que nous pratiquons, c’est le sport en chambre (ah pardon non ça c’était dans nos rêves), en réalité c’est le travail. Grande occupation mais dont on se trouvera fort dépourvu quand le week end sera venu ou quand le père chômage partiel aura pointé le bout de son nez.
Pour une autre partie d’entre nous, les mini-vous, au format baby ou enfant ou ado ou jeune adulte revenu chez papa/maman car il y a plus de place, sont une source d’occupation plus ou moins perpétuelle, en fonction de la taille du mini-vous. Le format XS étant plus énergivore que le L (quoique). Chance pour vous, la chaîne Disney a gentiment fait une promo pour que, dans un accès de besoin de solitude, vous puissiez la montrer à vos kids, et ainsi faire l’objet d’une demande permanente ou au moins pour les 10 prochaines années.

Pour le temps qui vous reste et pour ceux qui n’ont ni l’un ni l’autre, l’ingéniosité/stupidité humaine a regorgé d’idées pour nous occuper différemment. Le web est devenu la mine de ces propositions, sauf que plus tu creuse dans la mine et moins tu trouves de pépites. Bizarrement, la courbe d’intérêt des activités baisse à mesure que la quantité des dites activités augmente. Des tutos de méditation au scrapbooking en passant par les 15 activités inédites à faire en couple, les 30 livres lus et enregistrés pour occuper vos enfants, les battle de BD en ligne, les DJ en show live sur vos écrans… il y a le choix ma bonne dame (nostalgie du marché quand tu nous tiens).

En vue de nos futurs diners en ville et pour relever le niveau, on a pu également se lancer dans une visite du Louvre (en virtuel bien sûr) presque plus complète que la vraie avec pour découvrir ses collections des podcasts, dessins animés, vidéos etc… Ou voir un opéra, sur écran mais gratuitement etc. Avec tout ça, il y a de quoi faire plaisir à Franck (Riester) : « C’est en ayant aussi accès à la culture chez soi que nous contribuons à faire vivre la culture et donc à permettre que demain, nous puissions continuer d’avoir cette effervescence culturelle extraordinaire dans notre pays » Ah quel bel avenir on se prépare, l’économie sera en chute libre, la santé sera vacillante… mais on sera tous brillants.

Comme il faut bien contrebalancer ces moments d’intensité intellectuelle, ensuite on regarde la télé, qui diffuse en boucle et en détails des infos sur le coronavirus, au cas où vous n’êtes pas au courant qu’actuellement il y a une grande pandémie mondiale (ah bon ?). Du coup, c’est merveilleux, il n’y a plus de guerres, de famines, de gilets jaunes, d’affaires judiciaires etc. Ah Coro merci !
Peut-être qu’il vaut mieux tenter la VOD dans ce cas, avec en tête « joyeuse retraite », le film le plus plébiscité (no comment).
Pour éviter la dépression, beaucoup se sont rabattus sur notre ami Netflix qui a vu son nombre d’abonnements et sa cote en bourse faire la joie des investisseurs (ya du monde en bourse en ce moment, les gens ont le temps). Cette merveilleuse plateforme où tu peux voir à travers ton écran des gens qui sortent, qui vont au restaurant, qui trainent chez eux avec leurs amis… bref votre vie d’avant. Snif les personnages de nos films et séries préférés ont une plus belle vie sociale que nous. Bon pour trop déprimer et se changer les idées, on va plutôt regarder un truc de science-fiction (mouais une catastrophe planétaire ça nous rappelle quelque chose), historique (mouais mais on retrouve régulièrement des grandes épidémies de peste, choléra etc.)… il nous reste un bon policier, un petit meurtre ça remonte le moral.

Pour vous occuper encore un peu, la suite au chapitre 23.

lundi 27 avril 2020

Chapitre 21 : Quand on a suivi des hommes d’exception

Au départ de l’épidémie, il y a eu les précurseurs, ceux qui ont su ce qu’il fallait faire. Tout le monde, y compris les dirigeants nationaux s’est trouvé fort dépourvu quand le Corona fut venu. Enfin presque tout le monde car quelques hommes d’exception ont agi et ils continuent.

Au Royaume-Uni, Boris Johnson a choisi de laisser mourir une partie non négligeable de sa population en vue de développer une immunité collective. C’est la guerre, il faut sacrifier des hommes pour gagner darling, il n’y a que les forts qui s’en sortent. Finally, Oh My God, Boris a reçu la visite de Coro et a terminé à l’hosto (un petit coup de justice divine ?). Le pays a changé sa stratégie : un confinement et un éloge appuyé du National Health Service plus tard. Le système hospitalier britannique serait le « cœur battant de ce pays », ce qui ne l’a pas empêché de le sous-équiper.
Results mi-avril : 700 à 900 décès quotidiens sur une semaine et un pays qui suit une trajectoire calquée sur celle de l’Italie (on avait pourtant dit que c’était un exemple à suivre que pour la qualité des pâtes). Mais rendons tout de même justice à Boris qui a ensuite remercié les millions de personnes qui observent le confinement et encouragé son peuple en vue de vaincre la maladie, il est loin d’être le pire.

Aux Etats Unis, l’homme orange affirmait en février que le risque de contamination aux Etats-Unis était « très faible » et qu'il n'y avait « pas de raison de paniquer ». Ah super pour les américains, le bordel ce ne sera donc que pour l’Europe et l’Asie, il y a des océans entre nous. Fin avril, ce sera juste le pays le plus endeuillé au monde avec plus de 50 000 morts.
Pour rassurer (angoisser ?) sa population, Donald continue comme à son habitude à tweeter à tire-larigot mais sa population a en plus droit à un show télévisé quotidien de confusion sans préparation perclus de déclarations farfelues (et non appliquées heureusement – fake news) telles que l’idée du recours à des injections de désinfectant dans les poumons, pour ne citer que la dernière en date ou la mise en quarantaine de New York sans prévenir ses dirigeants. C’est quand même sympa de donner de quoi rire à son peuple et au monde en ce moment.
En tant qu’homme d’affaires, Trump se préoccupe surtout de l’économie de son pays. Du coup, le 14 avril, il a décidé de suspendre la contribution financière de son pays à l’OMS (euh il sait qu’il y a une pandémie en cours ? On lui parle de son système de santé ?) Mais aussi de son électorat, puisque 4 jours plus tard il encourageait les manifestants anti-confinement à se « libérer » dans trois Etats dirigés par des démocrates, avec même un appel au respect du droit à porter une arme. Une petite fusillade finalement ça changerait quoi ?

Sur le podium des précurseurs qui savent innover pendant la crise, on a aussi nominé le brésilien Jair Bolsonaro, celui qui est désolé pour les morts de cette « grippette » mais c’est la vie. Donc, pas de confinement (en fait si en local heureusement), de la corruption et une place d’honneur sur le podium macabre pour le pays d'Amérique latine le plus touché par Coro. Mais Jair lui est un roc, il montre l’exemple, il sort et multiplie même les bains de foule sans aucune précaution sanitaire et tousse sans masque sur les Brésiliens venus écouter son discours.
Amis brésiliens, quand même Twitter, Facebook et Instagram effacent les posts de votre président car ils sont dangereux pour la santé publique, on a envie de vous exprimer tout notre soutien.
Il rencontre l’opposition des gouverneurs fédéraux, du président du sénat, de son ministre de la santé, mais qu’à cela ne tienne, il limoge et tempête car il veut «préserver des vies et des emplois », le travail c’est la santé non ? Il suffit de remplacer les dirigeants rétifs par des proches, notamment le chef de la police fédérale. Enfin, tant que la Cour Suprême ne s’en mêlait pas.
On se demande quand même pourquoi le monde est choqué, Jair a anticipé, il a placé sa foi dans le capitalisme et dans l'hydroxychloroquine, un médicament testé par le professeur Didier Raoult (un autre grand homme dont on vous parlera prochainement.)

Cette année, les oscars n’auront pas lieu et c’est fort dommage car on avait là un joli podium de stars qui nous feraient presque regretter Polanski (presque). En plus, il y a de la concurrence avec des nominés tels que les dirigeants biélorusse (la guérison grâce au tracteur), turkmène (aucun cas là-bas, ils n’ont même pas besoin d’en parler) etc.
A côté notre gouvernement français, contre qui des plaintes ont été déposées devant la Cour de justice de la République, fait figure de petits joueurs. 

samedi 25 avril 2020

Chapitre 20 : Quand tu as sorti ton gel et rangé ton affection


Pendant cette épisode épidémique, on a aussi dû apprendre à prendre de la distance, enfin nous aurions dû avant que Confi arrive surtout. Le tempérament latin tactile qui s’exprime plus ou moins en chacun de nous a fait l’affaire de Coro : Et hop une bise, je passe chez l’autre ; un bisou, un chemin tout tracé ; une longue embrassade, on démultiplie les accès ; une bouteille partagée, un passage en relais ; un gros câlin, la voie royale etc.

De quoi se demander si en Europe les pays les plus touchés ne seraient pas l’Italie et l’Espagne, les latin’s par excellence, ah bah si dis donc ? Nonobstant bien sûr les autres facteurs mineurs tels que la pauvreté, la qualité des services de santé, le moment où ils ont été touchés par l’épidémie etc.
Plus sérieusement et même si on ne peut pas tout relier à cela, il s’avère que les habitudes de vie des cultures où « on se touche » ou « on ne se touche pas » sont facteurs et vecteurs de la maladie.
Pas étonnant que dans les pays de l’Est ou du Nord, par exemple la (tout à fait au hasard et pas parce que j’ai une source d’informations mais au moins c’est original) Lettonie, il circule une blague intraduisible (ou du moins pas par visio) qui dit « Mais pourquoi on s’approcherait à plus d’1m50 les uns des autres ? ».

La solution, c’est donc le geste barrière, restez à distance les uns des autres. Quelle distance ? 1m, 1m50, 2m, 3m, 10m, heu on ne sait pas bien. En tout cas fini les embrassades, les bisous, les câlins…, à tel point qu’on se trouve en maaaaaanque ; et en double peine avec la chanson de Laurie en tête « des bisous, des câlins j’en veux, tous les jours. » ou pour les plus chanceux « Kiss me » de Sixpence.
En tout cas l’affiche gouvernementale des gestes barrière français nous précise strictement : « Saluer sans se serrer la main, éviter les embrassades », notons quand même qu’on doit rester polis. Tiens donc certaines personnes n’ont pas dû percevoir cette partie du conseil. Surement le même problème d’oreilles que celles que tu vois posées en groupe tout prêt les uns des autres, partageant une bière. Mr ORL au secours.

Mais ne soyons pas mauvaises langues peut-être qu’ils vivent ensemble ces quatre messieurs du même âge, dans ce cas ça va... Eh oui, et l’unique réceptacle de leur affection et de leur besoin de proximité c’est les autres occupants de leurs logements de confinés donc ils sont proches. Grosse responsabilité.
Car maintenant en avril 2020, la/les seules personnes avec qui on peut encore partager physiquement, c’est notre communauté à domicile, donc il vaut mieux l’avoir bien choisie.
Et bien sûr on y a tous pensé quand l’annonce du confinement a été faite pour les jours suivants. Du coup, notre besoin d’affection et le degré de collage peau à peau supportables par l’/les autres sont équilibrés (mais bien sûr).

Et si par malheur ça arrive ? Si jamais quelqu’un dans la rue, à cause d’une de ces f*** pierres, trébuche dans sa course avec un angle de 78°, une projection en avant de 2m14 générée par la vitesse de course, déviée par la présence impromptue d’une poubelle, m’effleure le poignet ? Pas de panique, on a la solution, tu sors ton gel hydro alcoolique. Et ensuite tu appelles le Samu pour le coureur aussi.
Eventuellement, on a vu aussi une solution proposée par des vidéos italiennes quand Coro est arrivé, une petite douche de gnole ou de grappa (pas la Réserva quand même). Double avantage, tu es désinfecté et tu sens tellement l’alcool que personne ne va t’approcher.

CQFD

jeudi 23 avril 2020

Chapitre 19 : Quand on a dosé le Chocolat/Lexomil/Guronzan/Travail


Plusieurs semaines ayant passé, on a dû s’adapter au mode confiné. La vie de la plus ou moins petite communauté de notre logement s’est organisée. Ça se gère grâce à la bonne volonté de tous (hum) ou peut-être grâce au savant mélange de Guronzan/Lexomil ou chocolat/alcool, que vous avez réussi à mettre au point. Le dosage ayant fait l’objet de plusieurs phases de test car devant s’adapter à votre situation personnelle.

Pour certains, grâce à cela vous réussissez maintenant à télétravailler (disons 50% du temps, c’est déjà bien), à empêcher ton tout-petit d’hurler pendant les conf calls hyper importantes de votre conjoint, à gérer le travail scolaire de votre enfant (grâce à un emploi du temps minutieux et une préparation des contenus, avec un coucher 1h du mat certes mais il faut ce qu’il faut - respect tout neuf pour la maîtresse), à faire les courses sans trop de stress (merci les créneaux de drive qui ont rouvert), à suivre votre programme de yoga tous les matins (enfin presque parce que le lever 6h30 c’est dur, rapport au coucher tardif, faut choisir), à préserver vos contacts sociaux au téléphone tout en courant après votre enfant (et hop d’une pierre deux coups avec l’activité physique)…
Bravo mais comment faites-vous ? Vous (ou votre conjoint) avez pris un arrêt de travail garde d’enfant OU vous (ou votre conjoint bis) êtes passé en chômage partiel à 10h par semaine OU vous êtes des supermans en puissance (si si il y en a).

A l’autre bout de la chaîne, c’est la version chômage partiel justement ou arrêt de travail/droit de réserve pour les personnes fragiles, sans le petit ni mamie. Là on utilise plutôt un dosage plus de Lexomil et moins de Guronzan car le challenge pour ces foyers là c’est le temps, le temps qui passe, qui passe lentement.
On se plaignait de ne pas avoir de temps pour nous, c’est fait … pour certains. Ils sont pas ravis bizarrement, pourtant ils ont maintenant tout le temps de se mettre au sport (oui mais limité je n’y reviens pas), prendre soin de soi (oui mais au 3e peeling dans la semaine, la peau est à vif), méditer (oui mais la musique de petit bambou sur mon smartphone est agaçante), cuisiner (oui mais on devient gros), voir les gens qu’ils aiment (oui mais en visio), se recentrer sur soi (oui mais on voudrait voir quelqu’un d’autre !)…

Alors on prend soin de son chez soi, on y est 100% du temps maintenant, ça vaut le coup. On a rangé le placard de l’entrée, de la chambre, de la cuisine, nettoyé lesdits placards, le frigo, le dessous de l’évier, le recoin derrière le meuble à chaussures, repeint le meuble du salon, réparé les poignées, refixé le porte-serviettes, commencé à jardiner… On s’est aussi tapé sur les doigts, cogné les genoux, cogné la tête, sali ses fringues, brûlé les mains…
Bref on va être beaux pour l’apéro visio de ce soir. Vite une sieste (la 3e de la journée) pour se refaire une santé et une bonne douche (ah bah non les français ont baissé leur niveau d’hygiène corporelle depuis le confinement). Ça va être bizarre le retour au boulot…

Revenons justement à ce fameux chômage partiel dont on entend l’écho chez beaucoup d’entre nous, mais qui contient pourtant une réalité sociale très variable. D’un côté, on a Mademoiselle Y qui doit travailler seulement 4h par semaine fixées le vendredi de 9h à 13h. Le reste du temps interdit d’utiliser le mail du boulot etc en cas de contrôle, mais bon quand même si tu pouvais jeter un œil tous les jours et communiquer par SMS ou appels intraçables ça nous arrangerait, et si tu souhaites tu peux te former en ligne pendant ce temps ou même travailler des dossiers de fonds, ça serait sympa ça aiderait la société par la suite (mais oui mais oui, tout à fait ce que va faire mademoiselle Y).
De l’autre on a Monsieur X qui travaille à 90% officiellement, mais ne compte pas ses heures, brief ses équipes, analyse ses retours clientèles, est en conf call 50% du temps etc.

Et si par hasard mademoiselle Y vit avec monsieur X dans un appartement toujours au hasard exigu, paf ça fait des chocapic. Ou en tout cas ça crée un décalage de rythme au quotidien qui certes sera fort intéressant à étudier pour les sociologues de l’avenir mais qui n’est pas fort agréable à vivre.
Mélangez les composantes X et Y, les temps de travail variables, les mini-vous courants au milieu, les personnes isolées, les familles recomposées etc. (sans compter les soignants et ceux qui travaillent sur site) et vous obtiendrez la composition sociétale de la France en avril 2020, un sacré m***** pour vivre tous ensemble. Finalement, heureusement qu’on est chacun chez soi non ?

lundi 20 avril 2020

Chapitre 18 : Quand le sport est devenu une religion

Au XXIe siècle, le sport (on vous l’a dit et répété) « il faut en faire régulièrement, c’est bon pour la santé ». A égalité avec « 5 fruits et légumes par jour », c’est le slogan de la décennie pour faire du bien à notre corps. De toute façon, il nous faut un body de rêve joliment sculpté pour pouvoir attirer un partenaire, dixit les émissions de qualité diffusées par la boîte à infos du salon, pendant qu’on mange des chips sur notre canapé (culpabilisation quand tu nous tiens).

Historiquement, le chasseur-cueilleur qui courait sa lance à la main ou marchait des heures dans les bois pour trouver sa pitance, on lui recommandait plutôt de rester tranquille au coin du feu le soir. Votre (arrière) grand-père qui semait, bêchait, binait, trayait, coupait, taillait… dans sa ferme, bizarrement c’était pareil (et du coup quel corps d’athlète il avait papy sur les photos de sa jeunesse debout à côté de la moissonneuse batteuse).
Le prototype de l’homme moderne assis devant son ordinateur toute la journée, lui, il a besoin de « s’entretenir ». Et ça fait un petit moment qu’on lui serine. On l’a inscrit depuis tout petit à « une activité », à l’adolescence on lui a demandé « tu fais quoi comme sport ? », à l’âge adulte on l’a alimenté de publicités pour « choisir une salle de sport »… D’ailleurs, vos amis parlaient de leur performances  ou de leurs courbatures (ça dépend qui) au basket, au cross fit, au body pump, au pilates… même devant leur 3e pinte et une planche charcuterie/fromage (c’était le bon temps).

Et puis paf Coro est arrivé et c’est devenu dangereux : on a commencé à glisser sur le gel hydroalcoolique qui enduisait les appareils de la salle et à devoir arrêter les sports co pour cause d’échanges excessifs de postillons.
Et re-paf Confi est arrivé. Les temples de la gym, du foot, du basket ou même de la pétanque ont dû fermer leurs portes, laissant des milliers d’adeptes désemparés.

Que faire ? Notre guide suprême nous avait donné la réponse le 16 mars, on pouvait sortir pour faire de l’activité physique en solo. Une bonne excuse donc pour sortir de notre logement et laisser Confi (et pas que lui) à la maison pour un moment.
C’est ainsi qu’on a vu déferler une marée de pèlerins, euh de joggeurs et de randonneurs, telles qu’on en avait jamais vu vers la Mecque des spots les plus prisés (forêts, plages, quais etc.) ; déclenchant par la même une fermeture progressive par les autorités desdits lieux, bizarrement trop usités.

Pour chaque sortie, on a du imprimer un précieux sauf-conduit (et relancer le marché de la cartouche d’encre au passage) nous permettant des « déplacements brefs, à proximité du domicile » pour l’activité physique.
L’amour des français pour le sport ou la marche, plus ou moins rapide, n’avait jamais connu un tel essor, c’est donc ça qu’il fallait faire pour que tout le monde s’y mette !
Un succès tel qu’il a, après à peine deux jours, été assorti d’une restriction « à proximité c’est 2 km ». Oui messieurs-dames le jogging de 15 bornes, même si vous courez vite, ça transporte le virus. Le guide suprême avait dit « autour de son pâté de maisons », alors vous me direz ça dépend si vous mesurez la distance en pâté d'immeubles lyonnais ou en village aveyronnais.

Comme le bon peuple de France est fort indiscipliné ou le gouvernement bureaucrate et autocrate (je vous laisse choisir), 5 jours plus tard, Edouard nous a refait un petit briefing et demandé un laisser-passer plus complet : limitation à 1h quotidienne et rayon d’1 km maxi, et on marque son heure de sortie s’il vous plait, au stylo pas au crayon à papier, je me fiche que ça vide votre ramette... On a même vu des gens sans imprimante mais disciplinés la recopier intégralement à la main.

Quelqu’un a t-il pensé au désespoir du joggeur, le vrai celui qui courait déjà avant ? Non seulement il doit zizgaguer entre les novices qui ont envahi sont parcours (il a l’habitude alors il court plus vite) et en trois foulées, il a déjà dépassé la zone (il court vite bis). Et puis 15 tours du pâté de maison tous les jours, ça lasse… Heureusement nos développeurs web jamais à court d’idées ont rapidement ajouté à leurs applis des filtres pour vous faire un parcours restant dans votre rayon. Pourtant, bizarrement, on voit beaucoup moins de runners laisser leur « trace » sur les réseaux sociaux ces temps-ci…

Vous l’aurez compris, dehors pour faire de « l’exercice physique », ok on prend l’air mais c’est limité. On s’y est donc mis à l’intérieur et notre chambre (salon) s’est transformée en salle de sport à l’aide des nombreux tutos qui ont fleuris sur internet à cet effet. C’est qu’il fallait bien pouvoir répondre à la fameuse question qui se posait à gogo au début du confinement : « Et toi tu fais plus de sport maintenant ? » Novices ou habitués on n’y échappait pas. Par contre, curieusement, presque personne ne demandait si on faisait plus de sport en chambre (affaire à suivre).

samedi 18 avril 2020

Chapitre 17 : Quand ça a duré plus de 15 jours


Le confinement à force on s’y habitue. Pas avec plaisir, mais comme tout après la période de découverte, on est passé en rodage. Peut-être parce que personne n’a sérieusement cru qu’on allait en sortir en 15 jours (Quoi ? Mais si ça avait été annoncé le 16 par notre cher président). C’est qu’on est malins, grâce au dispositif de surveillance hyper-élaboré de notre salon, on pouvait voir que ceux qui avaient commencé avant, il y était toujours ! L’Italie bien sûr mais surtout Wuhan, nouveau centre du monde pour tous ceux qui scrutaient l’évolution de la pandémie. Le 8 avril, on les verra enfin sortir sur nos écrans, bras en l’air, smartphone à la main, on ne sait pas si ils sourient, ils ont des masques sur les visages. Bref on n’est pas sortis de l’auberge.


Pour ne pas trop faire durer le suspense, Manu avait quand même envoyé Edouard nous annoncer la grande nouvelle le 27 mars, c’était reparti pour 15 jours, jusqu’au 15 avril (la blague toujours, à Wuhan ils sont restés confinés plus de 2 mois). Plusieurs théories étaient en circulation sur cette stratégie gouvernementale discutable mais surtout discutée. Eh oui on ne peut plus se voir mais on n’a jamais autant parlé virtuellement avec tous nos amis.
Il y avait la version assez simple mais bien française du « le gouvernement ils nous prennent vraiment pour des débiles. » La version gentille : « Les gens seraient trop déprimés si on leur annonçait d’emblée que ça allait durer 2 mois, il faut y aller en douceur ». La version raisonnable : « Ça va durer au moins jusqu’à début mai cette histoire donc patientons ». Et la version moins raisonnable : « De toute façon moi je m’en fous le 1er mai je sors, le gouvernement ils nous prennent vraiment pour des cons » (oui c’est un dérivé de la première) etc.

Je vous propose une autre théorie, ils étaient trop sympas nos dirigeants, ils ont gardé le suspens afin qu’on puisse continuer à jouer tous ensemble à « C’est quand la date de fin du confinement », le pari devenu le plus populaire dans les discussions et sur les réseaux (il y a plus de tiercé, il faut bien remplacer). C’est beau une France qui se fédère autour d’un même sujet et qui travaille son argumentation avec une étude très pointue basée sur la date de la rentrée des classes, le niveau de déprime du peuple, le degré de contestation (du même peuple) etc. et quand même aussi l’avancée de la pandémie (on a toujours le macabre décompte aux infos au cas où on oublierait).

Et puis finalement le lundi 13, alors qu’on s’attendait à entendre jusqu’au 30 (mais si suivez 15 avril + 15 jours), on a revu Manu à la télé et il a changé sa stratégie et son fusil d’épaule (toujours en guerre comme vous savez), il nous a annoncé LA date, la libération, le 11 mai. Il est parti sur 4 semaines cette fois, joli challenge. Notre chef d’état-major s’est d’ailleurs lancé dans un plan beaucoup plus détaillé que certains d’entre nous ne s’y attendaient.
Après un point sur l’état du front, le lourd tribu humain payé, les approvisionnements, les réquisitions des chaines de fabrication, les saluts aux héros, les développements technologiques des armes etc,. on a appris LA date et surtout « qu’on va finir par l’emporter » (ouf on commençait à avoir des doutes).

Et voilà comment votre ami qui tenait le décompte des jours restants comme objet de plaisanterie pour les apero-visio (eh oui c’est toujours à la mode) a perdu sa private joke, tandis que tous les français se sont mis à faire un décompte digne de celui de TF1 un soir de nouvel an.
On attend donc LA date, ce 11 mai devenu très cher à notre cœur. On en ferait bien un jour férié mais bon en mai c’est un peu booké déjà, et puis le président du Medef il a dit qu’il faudrait se remettre au boulot au taquet et oublier ses congés (économie capitaliste le retour, on en frémit d’avance).

Bizarrement cette fois ci plus personne n’évoque la possibilité que ce soit repoussé. Au peuple de France en aurais-tu donc assez ?
Si on fait un rapide petit calcul : 16 mars-11 mai  = 2 mois, en tout cas ça nous rappelle quelque chose ce timing…

jeudi 16 avril 2020

Chapitre 16 : Quand Coro et Confi ont sauvé la planète


« Comment ça sauvé la planète ? Il nous a mis dans une belle m*** ! »
OK OK mais il y a quand même des bons côtés (oui on cherche le positif ces temps-ci, on en a besoin). Mais même en dehors de ça, il s’avère que Coro ou plutôt son corollaire Confi (le confinement) font du bien à la planète.

En avril 2020, quand on sort en ville (cette expression me rappelle de folles soirées snif mais là on parle d’activité physique ou de courses only, bref passons), le ciel est bleu, les oiseaux chantent, comme dit l’expression. Cette fois ci, pas pour cause de gaieté humaine mais littéralement. On dit aussi « la nature reprend ses droits » et on en a une belle démonstration. Mais si, une démonstration, comme dans vos vieux cours de maths : Moins d’activités humaines = diminution notable de la pollution environnementale + des émissions de gaz à effet de serre = c’est bon pour la planète.
C'est à se demander si cette pandémie ce ne serait pas un coup des écolos. D’autant que maintenant qu’on a perdu notre Greta égérie des réseaux sociaux au profit du professeur Raoult, même ses détracteurs préféreraient qu’elle revienne.

Un autre effet positif écologique, c’est que Coro a fait diminuer la production de pétrole (on dit merci Coro) et son prix (merci aussi Coro). Bien sûr il y a Confi donc on en a plus besoin mais les français qui se plaignent toujours du prix de l’essence devraient être contents non ? Encore un effet positif, on fait des économies. Début avril, en raison de l’arrêt de l’activité économique, le prix du baril était à son niveau le plus bas depuis 17 ans. 20 à 23 dollars selon le type – une chute de 53% en 1 mois, ça fait mal.
Les coûts de stockage restent de surcroît très élevés. On se trouve même avec des tankers qui ne savent pas où vider leur chargement. Heu là par contre on aimerait quand même bien éviter une petite marée noire en supplément (on dirait pas merci Coro).

Sans compter qu’on a souvent entendu que le virus ne se serait probablement pas développé sans le réchauffement climatique. Du coup on peut imaginer que ça va changer les mentalités à coup sûr, probablement, peut-être, heu  j’en suis pas sûre…
Surement dans le pays où la marmotte elle met le chocolat dans le papier d’alu mais dans le système capitaliste où c’est la machine qui le fait ? En 2008, au sortir de la crise financière, on avait assisté à un rebond des émissions donc la relance future pourrait s’avérer particulièrement polluante. L’Agence Internationale de l’énergie indique aussi qu’une récession pourrait faire baisser les investissements écologiques. Donc c’est pas gagné messieurs dames zut !
Toutefois le chercheur (donc un homme sage et éclairé) François Gemenne souligne que « En écornant le bilan économique de Donald Trump, par exemple, l’épidémie peut participer à sa défaite électorale. Ce qui serait plutôt une bonne chose pour le climat. » Et voilà on l’a notre effet positif durable pour la planète !

Notre absence fait aussi le bonheur de nos amis les bêtes. A l’abri du grand prédateur que nous sommes (volontaire ou involontaire), de nombreux animaux se lancent à l’assaut de territoires encore inexplorés. Nos restaurants sont fermés et nos RDV tinder annulés mais les leurs sont en plein boum.
Quoi de plus sympathique que d’emmener Mme Cerf faire du lèche vitrine dans les rues de Boissy-Saint-Léger, avec un peu de chance on trouvera même quelques douceurs à grignoter sur la route.
La bande des dauphins a elle pris le chemin du port sarde de Cagliari, de quoi consommer et s’amuser dans l'un des plus grands ports maritimes italiens. Mister sanglier a lui préféré profiter des beautés de Barcelone.
Les déclarations d’amour aviaires (non pas la grippe) n’ont jamais si bien pris. Ben oui il n’y a plus de friture sur la ligne, la com passe mieux. Du coup, «  certaines espèces rares vont peut-être trouver plus facilement un partenaire », c’est pas moi qui le dit, c’est la Ligue de Protection des Oiseaux.

Prenons un autre exemple (tout à fait au hasard), un français lambda qui sort (avec son attestation) pour faire son activité physique. Admettons que ce français habite à moins d’1km du lac d’Annecy (bon ok c’est pas le français moyen qui peut habiter là) et peut donc pratiquer son activité sur ses abords. Soyons clairs, déjà il a du bol, il a droit au ciel bleu et dégagé (on vous a dit qu’il est revenu), l’air pur (on vous a dit aussi) la vue sur le lac, mais aussi à la vue sur les… baleines ! Ah non ça quand même c’était un poisson d’avril du web (eh oui, on en a eu).

Confi est donc LE sauveur de nos amis les bêtes, enfin de celles qui sont dehors. Parce que des animaux on en a aussi dedans et pour eux c’est pas la même histoire, l’humain il a envahi leur territoire, et il squatte !
Prenons votre chat qui roupillait tranquille toute la journée dans votre appartement…avant. Maintenant il ne peut plus squatter son fauteuil préféré en paix sans être dérangé par l’enfant, l’enfant n°2, vous, votre conjoint etc. Non seulement il ne peut plus dormir tranquille qu’en se glissant dans un coin inaccessible du placard, donc suite à une escalade de tous les dangers plus de son âge ; mais en plus il n’y a plus moyen de s’entendre penser à ses croquettes en paix. Il devient un peu agressif et on impute ça à son agacement de voir tous ces oiseaux qui ont pris la confiance dehors (il y a même des cannes qui font la course avec les joggeuses dans Paris 11e) mais essayez de vous faire tripoter toute la journée vous.
Votre chat c’était le plus déprimé de tous quand il a su qu’on en avait jusqu’au 11 mai !

mardi 14 avril 2020

Chapitre 15 : Quand tu t’es cru dans Mad Max ou plutôt Je suis une légende


Histoire d’échapper un peu à la vie en communauté, on sort régulièrement « faire de l’exercice physique » et respirer le bon air frais devenu beaucoup moins pollué (mais ça c’est un autre chapitre).
On ne marche plus dans la ville tout seul et anonyme comme nous le chantait Jean-Jacques mais plutôt avec quelques flash-back de films post apocalyptiques en tête.
Les rues vides, animées seulement des quelques véhicules restants en circulation, les commerces aux rideaux baissés, les chantiers à l’abandon, les publicités restantes des activités d’avant… tout cela à un relent d’images que les férus de SF mais aussi les autres reconnaitront.

Sauf que cette fois tu n’es pas immergé dans la salle de ciné ou en train de jouer à Pandémie avec tes potes, c’est la vraie vie et le bordel ambiant il te saute au visage. Finalement tu aurais peut-être dû rester à la maison, là où ça vit.
Quand soudain un bruit, quelqu’un d’autre est là, il approche. Heureusement, tu es prêt, tel Will Smith dans tous les films du genre, tu dégaine tes armes : les gestes barrière ; et la distanciation sociale de plus d’1m (1m50 ? 2m ?), disons 2m50 au cas où. Quelques pas de côté donc et ouf il est passé en toute sécurité. Pour faire bonne mesure tu l’as même salué (sans embrassades bien sûr). Tu penses qu’il t’a souri en retour, tu n’es pas sûr car derrière son masque…

Tu reprends ta route quand un nouveau danger survient : une femme prête à éternuer. Tu te mets à prier silencieusement « Dans ton coude, dans ton coude ». Malheureusement elle n’a pas l’air de vouloir adopter cette solution, elle semble fébrile, serait-elle déjà atteinte ? Ouf elle sort son mouchoir (à usage unique bien sûr) et le jette dans la poubelle contiguë. Bravo madame, et lavez-vous les mains au plus vite.

Après toutes ces émotions, tu reprends ton souffle car tu vas bientôt arriver en zone rouge : les quais ; repère de joggers, familles avec poussettes, enfants en trottinettes, buveurs de bières indécrottables (et oui il y en a encore malgré tout). Heureusement on est en sécurité tout ce petit monde à son attestation de sortie.

Des photographes mais aussi des vidéastes ont capturés ces moments (c’est vraiment la guerre, on est déjà dans le devoir de mémoire). Ces images sont à la fois superbes et troublantes, notamment les montages tirés d’images de drones qu’on voit fleurir petit à petit sur chacune de nos villes (bizarrement ça marche moins bien sur les plateaux du Larzac).
Coro a réussi à réaliser le rêve de Mme Hidalgo, Paris vidé de ses voitures mais je ne suis pas sûre que c’est ça qu’elle avait en tête.

Heureusement, « tous les services essentiels à la vie de nos concitoyens resteront ouverts ». Ce qui comprend les supermarchés (assez calmes maintenant que tout le monde a fait des provisions), les boulangeries (on ne pouvait quand même pas priver les français de pain), les tabacs (heuuuuuuu), les pharmacies (pour les médicaments mais aussi pour déclarer les violences domestiques, eh oui très utile malheureusement !) etc.

Et puis les magasins de bricolage, riches en produits de première nécessite : tondeuse, peinture, barbecue... Le français améliore son intérieur (son extérieur si il est chanceux) pendant le confinement. Tu passes ta commande en ligne puis c’est parti pour la mission drive : tu as un créneau de RDV précis (c’est fini l’excuse des bouchons sur la route). Tu suis les banderoles de signalisations rouges et blanches délimitant LA zone. 1er check point, tu colles ton bon de commande contre la vitre pour le vigile, ouf tu as le droit d’entrer après un post-itage en règles de ton véhicule. 2e check point, post it validé, on te montre où tu peux attendre le colis (sans sortir du véhicule, zone de danger on vous a dit). L’agent t’apporte ton chariot et tu lui indique tes remerciements avec force sourires et pouces levés. Tu peux enfin sortir de la voiture pour brièvement charger ton paquet et te barrer au plus vite pour retourner à la sécurité de ton chez toi.
OUF la semaine prochaine, on essaye Jardiland.

lundi 13 avril 2020

Chapitre 14 : Quand tu as perdu ton chez toi


Mardi 17 mars, on sait que c’est la date où le confinement a commencé, mais on sait moins que c’est celui où on a perdu notre foyer. Retrouvé tu veux dire ? On était pour la majorité à la maison, disons que ça dépend des versions ;).
C’est le moment où notre joli salon à la déco soignée est devenu l’école mais surtout la cour de récré de nos enfants, la table de la salle à manger le nouvel espace de co-vorking tendanec etc. J’avais entendu parler de co-living récemment, quel visionnaire l’inventeur de ce concept.

Certains ont réellement quitté leurs logements. C’était la grosse question du moment : où va-t-on se confiner ? Quel est le meilleur plan ? Aller s’isoler à la campagne certes avec papa/maman (beau-papa/belle-maman) mais aussi grande villa/grand jardin, quitter la ville pour notre maison de campagne et risquer de transporter le virus, récupérer mamie qui angoisse au risque de la contaminer, rester seul (plutôt quel mal accompagné) dans ton 30 m2, prendre un chien (si tu anticipais les autorisations de sortie), emménager chez ce mec que tu viens de rencontrer mais qui a ce superbe 3 pièces avec terrasse (pari risqué mais compréhensible)…
Une majorité d’entre nous est quand même simplement resté chez soi, après tout ce n’était que pour 15 jours non ? (cette blague, et dire qu’on n’était même pas le 1er avril)

Nous voilà donc à la maison, prêts pour le télétravail. Enfin prêt, il y eu quand même un léger flottement (oui léger). Au boulot le vendredi, on avait récupéré en hâte un ordi (on n’a pas tous un portable hum) et photocopié ses docs (eh oui la magie du cloud ou du serveur n’a pas atteint toutes nos entreprises). Au début de la semaine suivante, on s’est donc attelés à la tâche, bien décidés à avancer sur la to do liste qu’on avait dans le pipe, à performer même si on était externalisés afin d’être corporate, rester proactifs voir même disruptifs.

On était depuis 5 bonnes minutes sur ce régime lorsqu’on a entendu (au choix) : « Papa, je comprends pas mes maths » (le grand), « Mama, popo » (le petit), « on a des pâtes pour ce midi ? » (l’homme), « je peux faire quoi pour t’aider » (votre mère qui est chez vous), « il faudrait faire un peu de ménage non ? » (votre belle-mère qui est chez vous), « vrouuuuuuummmm » (votre frère qui joue aux jeux vidéo), « Hommmmm » (votre amie qui fait son yoga) etc.
Effectivement il va falloir être disruptifs et imaginatifs mais pour organiser la vie de la communauté.

Après quelques jours (ou plus) on a quand même pris le rythme et tout s’est organisé car si on peut souligner quelque chose c’est que cette foutue pandémie elle a aussi fait ressortir le côté humain et gentil de beaucoup de personnes.
A la maison les choses et les espaces se sont donc répartis, au prix de quelques légères montées en pression, et chacun a trouvé ses occupations (qui son yoga du matin, qui son travail, qui l’épluchage de légumes pour midi, qui les courses, qui l’écriture de son blog etc.)… et tout allait bien dans le monde meilleur des mondes … mais bien sûr ! (on y reviendra promis)

Sociologiquement parlant, la situation était très variable pour chacun selon ses conditions de confinement. Petit récapitulatif relevé très soigneusement auprès de mon échantillon toujours représentatif de la population :
*L’espace que vous avez dans le logement. Déjà que le prix du m2 était élevé en ville mais subitement c’est devenu une info essentielle, recensée dans tous les apéros zoom.
*Le petit extérieur qui avait gonflé le prix de votre achat immo est désormais une source d’envie. On veut un balcon, une terrasse, un rez de jardin, un jardin, un terrain, un parc. On est jaloux.
*La taille de votre communauté et sa composition plus ou moins hétéroclite.
*La présence d’un mini-vous dans l’équation ainsi que la taille, l’obéissance et le degré de patience du dit mini-vous.
*La collaboration de votre tendre moitié, l’attentionné père de vos enfants, le mec qui bosse toute la journée avec son casque, le gars en conf call permanente dans la pièce d’à côté, le mal aimable avec qui vous partagez votre espace…
*Votre besoin de solitude/contact humain et votre capacité d’occupation/d’ennui (tout un sujet/ chapitre à venir ça)

Même si on aimerait bien se la jouer Mélodie du bonheur, je crains qu’à la fin ce soit plutôt comme dans Highlander : « Il n’en restera qu’un ».