Fin avril, Confi on en
était lassés, on commençait à ne plus en pouvoir, on en avait marre, on n’en
voyait pas la fin, bref on en avait soupé. A la vérité mi-avril c’était déjà le
cas, heureusement Manu avait annoncé une date de sortie de prison : le 11
mai.
On avait un petit
doute puisqu’il avait rallongé de deux semaines en deux semaines (voir chapitre
17 et sa déception mortifaire) mais heureusement son ami Edouard nous l’a
confirmé le 28 avril. C’était donc fait, on allait pouvoir DECONFINER, ce
nouveau mot du vocabulaire français que votre dictionnaire ne connait pas mais
qu’on a plus entendu en six semaines que n’importe quel autre.
Déception, on allait
quitter les douillettes chaumières pleines d’amour, de tendresse, de
discussions intéressantes, de folles soirées, de joies pétillantes, de diners
inoubliables… où on s’était réfugiés ; bien sûr avec beaucoup de regrets.
Heureusement, peut-être qu’on devra se re-confiner donc on referait tout
exactement pareil (heu vous avez bien compris qu’il faut lire tout ça à
l’envers ?)
Si arrivait cette
fameuse VAGUE 2 (brrrrr ça fait frémir rien qu’à le lire), CETTE FOIS, on se
confinerait juste avec son amoureux / juste avec sa meilleure amie / en groupe /
en trouple / avec le chien / avec une pile de bouquins… et dans une maison à la
verte / dans un appart avec terrasse près des quais / près d’un supermarché peu
fréquenté / à côté des urgences… Des phrases à choix multiples car on l’a tous
vécu différemment, mais tous en changeant notre cadre et notre rythme de vie et
b**** ce n’était pas la panacée.
On va donc enfin
quitter les posters d’adolescence de la chambre où on était rentré chez nos
parents, arrêter d’être réveillés trop tôt par les ainés, de devoir réveiller
trop tard les jeuuuunes, de gérer la vie de notre petite communauté, d’avoir
des problèmes de réseaux, d’aller au restau via ubereats, au bar à cocktails
via delivroo, pouvoir parler « en vrai » à une autre personne que son
co-confiné ou soi-même ou son enfant, s’asseoir quelque part dehors, quitter la
maison sans son attestation pour plus d’1h, pouvoir faire du vélo pour le
plaisir, aller à plus d’1km de chez soi, arrêter les apéros visio qui font
grossir pour de vrais apéros entre amis qui font grossir aussi…
Et le plus beau de
tout (ou pas), on va arrêter de devoir chercher un chemin pour sortir en
évitant les vues sur les toboggans des parcs fermés qui déclenchent un drame
chez nos enfants. Eh oui Confi a des conséquences pénibles qu’on imaginait pas.
On était donc aussi joyeux
que si Brad Pitt / Johnny Depp / Chris Hemsworth / Monica Bellucci / Penélope Cruz / Diane Guerrero (faites votre choix selon votre préférence) s’était glissé en douce
dans notre lit.
Malheureusement, il
faut mettre fin à cette douce utopie. Pour ceux qui n’ont pas fait grec 5e
langue au lycée, ce mot se traduit par « l’endroit merveilleux » et « l’endroit
qui n’existe pas » et ça s’applique fort bien à ce que nous attendons tous
impatiemment. Certes nous allons déconfiner mais nous devrons veiller à de
nombreuses précautions et se limiter (on y reviendra dans les chapitres suivants).
Un léger soupçon pèse
d’ailleurs sur le pourquoi de cette décision qui serait très probablement un
mix entre ralentissement de l’épidémie (on n’a pas dit que c’était fini hein)
et impératifs économiques (chômage partiel et arrêt payé c’est bien mais…) ET
éviter le pétage de plombs des français.
Plus un petit doigt de
« de toute façon ils vont sortir quand même ». Probablement pas faux
quand on voit qu’après un confinement assez strict les 1e semaines,
on avait vu un relâchement s’installer petit à petit chez certaines personnes à
mesure que grandissait le ras-le-bol.
Le meilleur exemple en
était le grand coup de filet policier qui avait eu lieu le week-end du 05/06
avril (oui oui on était loin de la fin du confinement) avec les tentatives de départs
en vacances, malgré tout, des parisiens ; par l’autoroute, tant pis si on
se fait attraper, on compte 135€ en plus sur le budget des vacances.
Bref, on allait donc
déconfiner le 11 mai et on attendait impatiemment l’allocution d’Edouard et ses
amis pour en savoir plus, le 7 mai après-midi, parce que de toute façon plus
personne ne travaille alors pourquoi faire ça le soir ?